Si Guillaume Meurice quitte Radio France, ce n’est pas aujourd’hui qu’on le saura. Le pilier du Grand dimanche soir, qui avait annoncé le 2 mai son absence lors des deux émissions à suivre, est reçu ce jeudi par la direction de France Inter «à un entretien préalable en vue d’une éventuelle sanction disciplinaire pouvant aller jusqu’à la rupture anticipée de [son] contrat à durée déterminée pour faute grave». Toutefois, l’humoriste ne devrait connaitre la nature exacte de la sanction que dans un mois, a annoncé le Parisien.
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— Guillaume Meurice (@GMeurice) May 2, 2024
Selon une source au sein de la radio publique, cette convocation faisait suite à sa dernière chronique dans le Grand Dimanche soir. Dans celle-ci, il répétait sa désormais fameuse blague visant Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, qualifié de «sorte de nazi mais sans prépuce». «Le procureur a dit que c’était bon, cette semaine. Vous pouvez en faire des mugs, des T-shirts, c’est ma première blague autorisée par la loi française», avait-il ajouté.
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En effet, dix jours, les plaintes pour «provocation à la violence et à la haine antisémite» et «injures publiques à caractère antisémite» visant Guillaume Meurice avaient été classées sans suite par le parquet de Nanterre, «les infractions dénoncées ne semblant pas suffisamment caractérisées» selon le courrier de classement, que Libération avait pu consulter.
La direction des ressources humaines de Radio France l’entend d’une autre manière. Au-delà des démêlés judiciaires, cette blague avait valu à Guillaume Meurice un avertissement en interne (qu’il conteste devant les prud’hommes), et avait valu à Radio France une mise en garde de l’Arcom (l’autorité de régulation des médias audiovisuels), adressée dès le 23 novembre. L’Arcom estimait que ce sketch avait «porté atteinte au bon exercice par Radio France de ses missions et à la relation de confiance qu’elle se doit d’entretenir avec l’ensemble de ses auditeurs», selon le courrier transmis à la présidente de Radio France, Sibyle Veil.
Du point de vue de la radio publique, la répétition de cette blague porte préjudice à l’entreprise, en s’exposant à une éventuelle nouvelle sanction de l’Arcom. Guillaume Meurice, qui n’a pas répondu aux sollicitations de Libération, continue d’être rémunéré durant cette période de suspension, avant de connaître son sort. D’après son entourage, il a reçu cette convocation ce jeudi, sans connaître plus de détails sur les causes de celle-ci.
Grève le 12 mai, des craintes sur l’avenir de l’antenne
Pour rappel, l’affaire avait commencé le 29 octobre. Lors de l’émission de France Inter le Grand Dimanche soir, Guillaume Meurice évoque une idée de «déguisement Nétanyahou» pour Halloween, en qualifiant le Premier ministre israélien de «sorte de nazi mais sans prépuce». La blague fait rire en studio, moins en dehors. L’humoriste reçoit un tombereau d’insultes et de menaces sur les réseaux sociaux. Le 6 novembre, Sibyle Veil, la patronne de Radio France, lui colle un avertissement. La direction ne lui reproche pas la blague, mais de ne pas avoir pris la parole après l’émotion provoquée par sa chronique.
Sur X, l’humoriste poursuit qu’on lui a désormais «intimé l’ordre de cesser toute activité professionnelle à Radio France et de ne pas [se] présenter à [son] poste de travail avant ledit entretien». Entre temps, l’affaire a jeté un froid dans les couloirs de la Maison ronde, secouée par le projet de loi sur la fusion de l’audiovisuel public et les annonces de suppression d’émissions portant sur les luttes sociales ou la refonte d’autres, telles la Terre au carré, amenée à changer de ton dans son traitement de la question environnementale. Les secousses ne se sont pas arrêtées là. Dimanche 5 mai, l’humoriste Djamil le Schlag, membre de l’équipe du Grand dimanche soir, a annoncé quitter l’émission à la fin de sa chronique. Le dimanche suivant, c’est toute l’antenne qui s’était mise en grève en réaction, empêchant notamment la diffusion de l’émission de Charline Vanhoenacker.
Mise à jour jeudi 16 mai, jour de la convocation de Guillaume Meurice.