Deux millions d’auditeurs quotidiens de moins en un an : voilà l’effet paradoxal d’une pandémie et des restrictions sanitaires qui l’accompagnent sur les audiences de la radio. Une baisse historique comparée au «monde d’avant» selon les chiffres de Médiamétrie pour la période janvier-mars 2021 publiés ce jeudi. Entre la généralisation du télétravail et le maintien d’un couvre-feu en soirée, les repères des auditeurs ont été, et sont encore, chamboulés. Ils restent toutefois un peu plus de 40 millions à allumer leur radio tous les jours. Dans ces conditions, difficile pour les différentes stations de dresser des conclusions. Radio France demeure stable dans son ensemble, avec une audience cumulée (soit l’ensemble des personnes ayant écouté au moins une fois une antenne dans la journée) qui est même en légère hausse de 0,4 % en un an. Toujours première radio de France, France Inter attire 6,7 millions de fidèles au quotidien, mais perd 200 000 auditeurs par rapport à l’an passé. Sa part d’audience s’élève à 13,3 %, ce qui la laisse solide leader du marché.
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C’est France Info qui assure surtout de bons résultats au service public : 800 000 auditeurs gagnés en un an. Avec 4,8 millions d’auditeurs quotidiens, elle reste un point de repère dans la crise sanitaire. «Les fondations sont solides, affirme Jean-Philippe Baille, le directeur de la troisième radio de France. Pour preuve, notre matinale reste très forte. Cela démontre que les gens ont confiance en France Info pour avoir une information fiable, sans tomber dans les travers. On donne de l’information, pas de l’opinion.» Des chiffres à tempérer cependant : la même période, juste avant le Covid l’année passée, avait été particulièrement faible pour France Info. La chaîne d’information en continu, dont l’antenne avait été affectée en janvier 2020 par une grève, avait vu partir 700 000 auditeurs par rapport à l’année précédente. Sinon, dans le reste du service public, France Culture se maintient avec de bons chiffres (2,9 % de part d’audience), pendant que France Bleu voit ses auditeurs continuer de lui échapper (3,26 millions d’auditeurs quotidiens, 150 000 perdus en un an).
RTL dévisse
Ailleurs, la chute du nombre d’auditeurs de la radio se répartit plus ou moins équitablement. Les matinales dans l’ensemble sont presque toutes en baisse. A RMC, le remplacement de Jean-Jacques Bourdin par Apolline de Malherbe n’a toujours pas porté ses fruits, loin de là. La radio du groupe Altice continue de perdre des fidèles : avec 3,2 millions d’auditeurs quotidiens, c’est même son plus faible niveau depuis 13 ans selon le Parisien. Pour y remédier, elle a récemment changé de patron, avec l’arrivée en mars de Karim Nedjari. Europe 1, qui vient d’annoncer un plan de départs volontaires concernant une quarantaine de salariés, se stabilise par rapport à la fin d’année dernière avec 2,7 millions d’auditeurs quotidiens. La station de Lagardère reste toutefois dernière des généralistes, avec 4,5 % de part d’audience. RTL de son côté, dévisse complètement : près de 800 000 auditeurs envolés en un an. Mais la radio privée, mise en vente dernièrement avec M6 par son propriétaire Bertelsmann, conserve quand même sa deuxième place au classement, avec 12,4 % de part d’audience.
Les musicales sont, elles aussi, durement affectées par le couvre-feu en soirée, le moment où elles réalisent leurs meilleures audiences. La station NRJ est toujours la quatrième radio la plus écoutée de France avec 4,7 millions d’auditeurs. Comme Skyrock, RTL 2 ou Fun Radio, elle a aussi récupéré quelques dizaines de milliers de fidèles par rapport à novembre-décembre, tout en restant en deçà de ses chiffres de l’an dernier. Après ces scores décevants, les prochains résultats d’audience sont très attendus : ils concerneront la période d’avril à juin et permettront de constater encore plus précisément les effets de la pandémie sur le média radio.