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Crise

Réorganisation du «Parisien» : grève de 24 heures ce vendredi, motion de défiance contre la direction

Les salariés du quotidien détenu par Bernard Arnault seront en grève pour une durée de 24 heures à compter de minuit ce vendredi 7 mars, afin de contester un plan de réorganisation du journal, avec des suppressions de postes à la clé.
Les journalistes du Parisien seront en grève vendredi 7 mars. (Christophe Archambault/AFP)
publié le 6 mars 2025 à 18h23
(mis à jour le 6 mars 2025 à 19h10)

Les salariés du Parisien ont voté ce jeudi 6 mars une grève de 24 heures qui démarrera à minuit, ainsi qu’une motion de défiance contre la direction du quotidien. A l’appel de l’intersyndicale (SNJ, FO, SNJ-CGT), ils contestent un plan d’économies prévoyant une réorganisation avec la suppression de près de 40 postes à la clé. La grève, qui pourrait entraver la parution du quotidien samedi, a été votée à 163 voix pour, 143 contre, sur un total de 319 bulletins, selon un délégué syndical à Libération. Celui-ci ajoute que «la production des salariés grévistes ne pourra pas être utilisée sur le site durant les 24 heures de grève ni dans le journal papier prévu samedi». «La rédaction est très inquiète, collectivement et individuellement», juge cette source syndicale.

La motion de défiance, ciblant à la fois la direction générale et la direction de la rédaction, a, elle, été votée à 326 voix, avec 245 pour et 77 contre. Elle vise à protester contre un plan d’économies qui, s’il est mis en application, induirait une charge de travail supplémentaire pour les équipes qui «ne pourront plus travailler convenablement et encourront de graves risques psychosociaux» et qui «menace la qualité éditoriale du titre», selon les mots de la motion.

Le mois dernier, la direction du Parisien avait ainsi officialisé un «projet de modernisation de l’organisation» de sa rédaction (419 équivalents temps plein actuellement) tenant compte «des analyses» de son audience et du «développement des abonnements numériques», comme l’avait rapporté à l’AFP Pierre Louette, PDG du groupe Les Echos-Le Parisien. Dans le détail, une réorganisation en grands pôles thématiques, avec l’un d’entre eux intitulé «vie publique» regroupant les services politiques, environnement et éducation ou un autre «vie privée», pour les services santé, consommation ou immobilier. Cela «permet d’envisager d’économiser une trentaine de postes», expliquait Louette, pour l’essentiel chez les journalistes, et «les départs auront lieu dans ce cadre sur une base de volontariat», avait-il souligné. 29 postes sont concernés au sein de la rédaction, 10 aux fonctions dites support.

«Refuser le détricotage des services»

A l’issue d’une première assemblée générale mi-février, les salariés avaient alors adopté une motion s’interrogeant sur les conséquences sur les conditions de travail de ce plan, qui devait être mis en œuvre progressivement au cours du deuxième trimestre 2025. Ils y expliquaient également vouloir «défendre l’existence d’éditions locales, refuser le détricotage des services, défendre le Parisien-Aujourd’hui en France comme titre d’information généraliste, offrant aux lecteurs et aux internautes une information locale et nationale de qualité».

Un précédent plan de réduction d’effectifs et de réorganisation avait eu lieu en 2020, suivi «d’incessants réajustements, mercatos et dissolutions de services», était-il souligné. L’ambition, déjà à l’époque, était de booster le portefeuille d’abonnements numériques d’un titre parmi les derniers quotidiens d’envergure nationale à avoir engagé cette transition. Objectif : 200 000 abonnés numériques en 2025. Seule la moitié du chemin a aujourd’hui été parcourue : selon les données les plus récentes de l’ACPM (Alliance pour les chiffres de la presse et des médias), le Parisien comptait un peu plus de 100 000 abonnés numériques en janvier dernier, pour une diffusion totale (avec le papier) de 173 500 exemplaires en moyenne sur l’année écoulée.

Mise à jour à 19h10 : avec des éléments de contexte.