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Rumeurs de vente à Bolloré : les journalistes du «Parisien» se mettent en grève pour deux jours

Lors d’une assemblée générale qui s’est tenue ce jeudi 25 septembre, les salariés du quotidien ont voté, à plus de 70 %, en faveur d’une grève immédiate. Elle devrait prendre fin vendredi soir.

Devant le siège du journal dans le XVe arrondissement de Paris, le 22 septembre 2025. (Kiran Ridley/AFP)
Publié le 25/09/2025 à 14h43, mis à jour le 25/09/2025 à 19h01

En proie aux rumeurs de vente au milliardaire conservateur réactionnaire Vincent Bolloré ainsi qu’à des menaces de suppressions de postes, les salariés du Parisien entrent en résistance. Lors d’une assemblée générale qui s’est tenue ce jeudi 25 septembre à l’appel de plusieurs syndicats, les salariés du quotidien ont voté la grève à 72,5 %, avec 258 votants. Dans le détail, 187 salariés ont voté pour, 64 contre, et 7 personnes se sont abstenues. La grève a pris effet dès ce jeudi 13 h 30, et se poursuivra jusqu’au vendredi soir, à 23 h 59. «Il n’y aura pas de journal dans les kiosques vendredi», a indiqué la direction. Plus tôt dans la journée, un délégué syndical SNJ, Aymeric Renou disait qu’il était «impossible» de dire si les éditions de samedi paraîtront.

Dans un communiqué consulté par Libération, les délégués syndicaux, qui expliquent rester «dans l’attente d’un rendez-vous avec la présidence du groupe Les Echos-Le Parisien, et la direction générale du Parisien», insistent être toujours en attente de réponses sur deux points principaux. Les salariés exigent d’abord de la direction «a minima les 17 embauches en CDI auxquelles elle s’était engagée dans le cadre d’un accord signé avec trois syndicats, via un plan de titularisation des CDD et des pigistes qui se sont portés candidats».

Deuxième revendication : les salariés, opposés au projet de vente du Parisien au groupe Bolloré, exigent «des garanties sur le maintien d’un titre de presse d’information nationale et locale composé de journalistes indépendants». Depuis lundi et une mobilisation sur le parvis devant leurs locaux du 10, boulevard de Grenelle dans le XVe arrondissement de Paris, les salariés du journal n’ont eu droit qu’à un mail, mardi soir, du PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, Pierre Louette, n’apportant pas d’information nouvelle concernant les demandes des syndicats. C’est surtout à cause de ce silence que la grève a été votée, indique Gwenaël Bourdon, déléguée FO au Parisien : «L’idée c’est que les salariés aient des réponses satisfaisantes face aux interrogations sur les menaces de vente, dont on a tous les jours des échos dans la presse, et, plus concrètement, sur les questions d’organisation de la rédaction.»

Grève de 24 heures et motion de défiance en mars

Interrogé le 23 septembre par les représentants du personnel, Pierre Louette, avait déclaré: «Il n’y a pas de processus de vente du Parisien en cours... à ma connaissance», selon des propos rapportés par le SNJ. Sur l’autre volet des inquiétudes, les syndicats reprochent à la direction de remplacer par des contrats temporaires (CDD, contrats à la pige) certains départs prévus dans le cadre du plan de réorganisation en cours. Ils réclament 17 remplacements en CDI.

«Il y a des trous partout, on ne peut pas travailler dans ces conditions. On craint pour la santé de nos journalistes notamment dans les éditions départementales», a déploré Aymeric Renou. «Les différentes assemblées générales qui se sont tenues depuis dix jours ont révélé la situation de grande précarité dans certaines locales qui s’appuient surtout sur des CDD, indique Olivier Corsan, élu SNJ. Les gens se sont sentis solidaires de leurs collègues. Ça fait plusieurs jours qu’on sent que la colère monte.» Le plan de réorganisation prévoit la suppression de près de 40 postes. Son annonce avait entraîné en mars une grève de 24 heures et une motion de défiance contre la direction.

«La réorganisation est en place depuis le 15 septembre et fonctionne. 200 personnes ont bougé. Les moyens mis en œuvre sont analysés en permanence et la plus grande attention est portée aux conditions de travail», a précisé la direction à l’AFP.

Le Parisien/Aujourd’hui en France est le troisième quotidien le plus diffusé en France quand on cumule son édition nationale et régionale, avec quelque 260 000 exemplaires vendus par jour, selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias.

Mise à jour à 19 h 01 avec l’annonce de la direction sur la non-parution des éditions papier de vendredi.