Vive indignation au Sénégal. La journaliste Maimouna Ndour Faye a été agressée dans la nuit de jeudi à vendredi 1er mars, près de son domicile à Dakar. La chaîne de télévision privée 7TV, dont elle est la directrice, a indiqué dans un communiqué que sa journaliste a été «sauvagement agressée et violemment poignardée de trois coups de couteau». «Elle a été aussitôt hospitalisée et son état reste stable», ajoute le média audiovisuel sénégalais. Le mobile de l’agression est pour le moment inconnu.
Condamnation unanime
Vendredi matin, les réseaux sociaux ont relayé des images montrant la journaliste allongée sur une civière, ses habits rouges de sang, la main appuyée sur le ventre. «Je condamne fermement cet acte de violence lâche et inexcusable contre la journaliste Maimouna Ndour Faye», a réagi le président du Sénégal, Macky Sall, dans un message sur son compte X. «La liberté de la presse est un droit fondamental qui doit être protégé et respecté en toutes circonstances. Aucune forme de violence ne saurait être tolérée, et les responsables de cette agression devront répondre de leurs actes devant la justice», a-t-il ajouté.
Animatrice d’une émission très suivie, «L’invité de MNF», où elle reçoit souvent des personnalités politiques, Maimouna Ndour Faye est connue pour son franc-parler et ses positions parfois polémiques. Elle a indiqué par le passé avoir fait l’objet de menaces de mort. Entre 2022 et 2023, le Sénégal a perdu 31 places au classement mondial de la liberté de la presse, établi par Reporters sur Frontières, pour tomber à la 104e place. «Si le pays offre traditionnellement un contexte favorable à la presse, une recrudescence des menaces verbales, physiques et judiciaires envers les journalistes ces dernières années fait craindre un recul du droit à l’information», écrit l’ONG.
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Depuis le début de l’année et le report de l’élection présidentielle, le Sénégal est plongé dans une grave crise politique. Des manifestations contre le report, violemment réprimées par les forces de sécurité, ont fait quatre morts. Cette agression envers une journaliste porte une nouvelle atteinte à la liberté de la presse. La coalition de l’opposition «Diomaye Président» a condamné une «attaque brutale» et «odieuse» contre l’animatrice et a demandé aux autorités de faire le nécessaire pour élucider cette affaire.
En fin d’après-midi, plusieurs dizaines de journalistes se sont rassemblés devant les locaux de la 7TV pour témoigner de leur soutien à leur consœur, certains portant des pancartes où on pouvait lire : «La presse poignardée ! Le Sénégal saigne». Plusieurs d’entre eux ont appelé «les autorités à assurer la sécurité des journalistes». Des responsables politiques de tous bords sont également venus apporter leur soutien à la journaliste et rappelé leur attachement à la liberté de la presse.