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Droit de suite

Sketch sur Nétanyahou : Guillaume Meurice annonce avoir reçu un «avertissement» de Radio France

L’humoriste Guillaume Meurice a reçu une sanction disciplinaire de la direction de Radio France qu’il va «contester en justice», a-t-il annoncé lundi soir à l’AFP.
Guillaume Meurice à Paris, le 5 avril 2017. (Lionel Bonaventure /AFP)
publié le 6 novembre 2023 à 19h40

Ça se corse entre Guillaume Meurice et son employeur, Radio France. L’humoriste qui avait comparé le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou à un «nazi sans prépuce» dans l’émission le Grand Dimanche, sur France inter, a reçu un «avertissement» de la direction de Radio France qu’il va «contester en justice», a-t-il annoncé lundi soir à l’AFP. «J’ai bien eu un avertissement et je vais le contester en justice», a indiqué Guillaume Meurice, confirmant une information du Monde. Contactée par l’AFP, Radio France n’a pas souhaité commenter.

En cause donc, une sortie de Guillaume Meurice à propos du Premier ministre israélien : suggérant une idée de «déguisement pour faire peur» à l’occasion d’Halloween, l’humoriste avait évoqué un «déguisement Nétanyahou», «une sorte de nazi mais sans prépuce». Une comparaison qui a soulevé un tollé. La rabbin et écrivaine Delphine Horvilleur («Prépuce ou pas, moi, je serais plutôt en faveur de circoncire le temps d’antenne de Guillaume Meurice», a-t-elle posté sur X), ou du président des Eclaireuses et Eclaireurs israélites de France, Jérémie Haddad, fustigent aussi les «réactions du plateau [de France Inter] qui rit à gorge déployée».

«Une limite a été franchie»

Le mardi suivant, l’Arcom avait été saisie. Et la directrice de France Inter, Adèle Van Reeth, avait dans la foulée exprimé son «malaise», jugeant «ce choix des mots […] particulièrement malvenu», dans une réponse à la médiatrice de Radio France, saisie par des auditeurs. Selon elle, «cette phrase n’est en aucune façon représentative du travail quotidien de la rédaction de France Inter, qui s’efforce de couvrir le conflit israélo-palestinien de manière […] équilibrée, ni de la ligne éditoriale de la chaîne qui lutte contre l’antisémitisme, le racisme et toutes les formes de discrimination». «Pour beaucoup, une limite a été franchie : non pas celle du droit, qu’il reste à établir, mais celle du respect et de la dignité», avait ajouté Adèle Van Reeth, qui précisait avoir rappelé à Guillaume Meurice qu’elle était «garante […] des propos» qui se tiennent sur la radio. La direction de la station est donc passée ce lundi en mode sanction contre son employé.

Face à la polémique, Guillaume Meurice avait simplement tweeté #JeSuisCharlie, hashtag défendant la liberté d’expression, apparu en 2015 dans la foulée de l’attentat islamiste qui a fait 12 morts parmi la rédaction. Il s’était défendu en brandissant une couverture de l’hebdo signée Charb, définissant l’humour comme le don de jeter de l’huile sur le feu. «L’esprit Charlie a bon dos. L’esprit Charlie ce n’est pas une poubelle qu’on sort quand ça vous arrange, pour y jeter ses propres cochonneries», lui a répondu Riss, dessinateur et directeur de la rédaction de Charlie dans la Tribune dimanche. Et de rappeler que l’hebdo a lui-même consacré sa couverture à Nétanyahou : «On n’a pas eu besoin de dire que c’était un nazi ni de préciser qu’il était circoncis pour faire comprendre aux lecteurs ce qu’on en pensait. C’est ça, l’esprit Charlie. C’est plus subtil et plus difficile à maîtriser qu’il n’y paraît.»