A la télé, sa longue silhouette, son sourire doux et son front dégarni restent associés au voyage et à l’aventure. Sylvain Augier, l’ancien animateur des émissions télévisées Faut pas rêver et La Carte aux trésors, est mort à Sommières (Gard) samedi 16 mars à l’âge de 68 ans. C’est sa fille qui a confirmé la nouvelle auprès de l’AFP ce mardi 19 mars.
Né le 7 mai 1956 à Toulouse, Sylvain Augier a débuté comme journaliste reporter à France Inter en 1979. Le grand public l’a d’abord connu grâce à Faut pas rêver, qu’il a présentée de 1990 à 1999 sur France 3. Programmée le vendredi en deuxième partie de soirée sur France 3, cette émission présentait des reportages sur des destinations dépaysantes. Elle avait été créée par Georges Pernoud, le père de Thalassa, diffusée juste avant.
Passionné de sports à risques
De 1996 à 2005, Sylvain Augier avait présenté le jeu d’aventure La Carte aux trésors sur la même chaîne, jeu d’aventure lointaine descendante de la mythique Chasse aux trésors de Philippe de Dieuleveult dans les années 80.
Les candidats partaient à la recherche d’objets cachés dans un département donné, en utilisant l’hélicoptère - l’une des passions de Sylvain Augier - et en résolvant des énigmes. Outre l’hélicoptère, l’animateur était un fou de sports à risques. En 1988, à 33 ans, il avait eu un grave accident de parapente dans les Hautes-Pyrénées, qui avait failli lui coûter une amputation d’un pied.
«C’était notre Tintin reporter toujours blagueur», a salué mardi sur X l’animatrice et sportive Nathalie Simon, qui a animé La carte aux trésors de 2007 à 2009. «Si triste d’apprendre la disparition de Sylvain Augier, le héros de nos étés», a écrit Cyril Féraud, qui avait repris les manettes du jeu en avril 2018, après neuf ans d’interruption. «La disparition de Sylvain Augier c’est une grande perte pour la famille Sud Radio», a aussi réagi l’animatrice Cécile de Ménibus sur X.
DISPARITION. L'ancien animateur Sylvain Augier est décédé à l'âge de 68 ans. Il était connu pour avoir présenté "La carte aux trésors" et l'émission "Faut pas rêver" comme ici en 1990. pic.twitter.com/L4u6etQBZW
— INA.fr (@Inafr_officiel) March 19, 2024
La bipolarité, cet «ennemi redoutable»
Le public était loin de s’en douter du temps de sa splendeur, mais Sylvain Augier luttait déjà contre une maladie mentale, la bipolarité. Elle fait alterner phases d’excitation intense, dits épisodes maniaques, et de profonde dépression.
Il avait raconté sans fard son combat contre cet «ennemi redoutable» dans un livre émouvant paru en octobre, Je reviens de loin. Il s’ouvrait sur une tentative de suicide qu’il avait faite à 55 ans, dans le Gard, où il s’était établi. Il avait renoncé in extremis en pensant à ses deux enfants et sa femme. «Je ne laissais rien paraître dans mon monde professionnel, que ce soit à la radio ou à la télévision», poursuivait-il, en confessant avoir appris à «sourire en parlant» pour «donner le change».
Le diagnostic était tombé en 1990, alors qu’il avait 35 ans. Il avait vécu un premier épisode maniaque pendant qu’il couvrait la course nautique la Route du Rhum en Guadeloupe, suivi d’une intense dépression. «Je me demande si je n’aurais pas fait le choix de mon métier (inconsciemment, bien sûr) en fonction de ma maladie», analysait-il dans son livre. «Ce métier me permettait de m’exalter tous les jours, de faire monter l’adrénaline (comme avec l’émission «La carte aux trésors», qui me rendait hyperactif et euphorique), de me renvoyer une image très positive de moi», ajoutait-il.
Dans cet ouvrage, il racontait aussi son enfance dans une famille bourgeoise et croyante, auprès d’un père chef d’entreprise qu’il vouvoyait et d’une «maman modèle» qui l’a élevé «dans une bulle». Du côté de sa mère, née Hélène Pigasse, il était apparenté à l’homme d’affaires Matthieu Pigasse. Et sa grand-mère Marcelle, qu’il admirait, avait pour beau-frère Albert Pigasse, créateur de la collection de livres policiers «Le masque».
Il disait aussi : «J’aurais bien voulu terminer mon livre en vous disant que j’avais pu vaincre la maladie, mais cette maladie est immortelle. Elle ne prendra fin qu’avant ma vie», écrivait-il, en disant ne pouvoir que «souhaiter parvenir à lui tenir la bride».