C’est à se demander ce qu’il était venu faire là. Dans la grande mise au jour des processus de concentration des médias, à laquelle s’adonne une commission d’enquête sénatoriale depuis fin novembre, Vincent Bolloré était l’invité du jour. Qui ça ? Mais si, Vincent Bolloré, vous savez, le patron de Vivendi et Canal +, promoteur d’Eric Zemmour, videur de rédactions, bientôt avaleur de Lagardère. Non, vous ne remettez pas ? L’épouvantail du capitalisme médiatique ? Tonitruant sur les marchés mais éternellement discret dans sa parole publique, Bolloré se retrouvait là, pour une fois, à découvert.
Alors, lunettes en écailles et veste grise fatiguée de vieux garçon - son style depuis toujours - Bolloré s’était préparé. Il a choisi de se présenter devant les sénateurs, sur un ton courtois et un brin dépassé par les événements, en faux naïf. Comme un petit patron d’une PME d’Ergué Gabéric, dans le Finistère, patrie du groupe Bolloré. Pourquoi moi ? Le groupe de médias dont il est premier actionnaire, Vivendi, ne serait rien qu’un «petit nain» face aux GAFA, CNews ne représenterait qu’1 % des audiences relatives à l’information en France… Et Canal + ? Le cinquième acteur du marché télévisuel français, rien de plus. Tenez, le milliardaire breton avait même pris soin d’apporter ses petits graphiques dans des dossiers agrafés et u