Ça avait commencé à peu près normalement et puis l’échange s’est très vite tendu. Marion Maréchal, tête de liste de Reconquête aux élections européennes, était l’invitée de Sonia Devillers ce mardi 28 mai matin sur France Inter. Après une première question sur la guerre à Gaza, l’échange vire rapidement sur les positions outrancières de la candidate d’extrême droite concernant la transidentité. Sonia Devillers demande d’abord à Marion Maréchal si elle a conscience de commettre «un délit» lorsqu’elle affirme que le prix d’interprétation féminine à Cannes, remis à quatre actrices dont la comédienne trans Karla Sofía Gascón, avait été remis «à un homme». Reprenant son antienne habituelle, la candidate d’extrême droite dit «ne pas croire à la [prétendue, ndlr] théorie du genre». Ce à quoi la journaliste lui répond qu’il ne s’agit pas de «croire ou de ne pas croire», puisque la dysphorie de genre est reconnue par «la science, la médecine» et que la transphobie relève de la loi.
L’ambiance est déjà assez électrique quand Sonia Devillers essaie de recadrer l’échange sur les valeurs familiales dont Marion Maréchal se veut le porte-étendard en attaquant la transidentité. «Quelle différence y a-t-il entre la défense de la famille que vous proposez, vous, et celle du maréchal Pétain ?» demande alors la journaliste. Refus d’obstacle de Marion Maréchal, qui estime que la question est «bête», «dingue» et «outrancière». «Vous voyez, quand j’entends cette question, je me rappelle pourquoi j’ai envie de privatiser l’audiovisuel public», répond la candidate d’extrême droite, estimant que ça ferait «faire 4 milliards d’économies aux Français». Sympathique, d’autant que la maison de la Radio est secouée par un mouvement de contestation du projet gouvernemental de fusion de l’audiovisuel public.
Ne se démontant pas, Sonia Devillers reformule après plusieurs «vous pouvez passer à la question suivante» de son interviewée. «Est-ce que la société a évolué depuis cette époque-là ou pas ?» «Alors les enfants sont toujours faits par des hommes et des femmes. Je suis désolée, c’est peut-être fasciste pour vous. C’est insupportable, ironise Marion Maréchal. La nature est fasciste, c’est terrible.» La journaliste reprend : «C’est simplement que quand on écoute le maréchal Pétain, la famille française c’est la cellule de base de la France…» Nouvelle réponse ironique (et particulièrement insultante envers une journaliste qui a raconté dans un livre à succès le destin tragique de sa famille maternelle juive) de Marion Maréchal : «Dites-moi, je crois que Hitler aimait la confiture de fraises. Vous aimez la confiture de fraises ? Vous êtes un peu hitlérienne, non ?» Ambiance. En attendant, on ne saura pas dans quelle mesure la tête de liste de Reconquête se distancie ou non de la doctrine pétainiste. Ni si Hitler aimait vraiment la confiture de fraises.