Au départ, c’était juste une pensée. Le genre qui traverse brièvement l’esprit dans les moments durs. Le petit coup de mou après une journée harassante ou la baisse de motivation après la remarque désobligeante d’un supérieur. Puis au fil du temps, cette pensée est revenue de plus en plus souvent. Jusqu’à devenir permanente. Dix ans après avoir signé son premier CDI à la Poste, en Dordogne, Arthur (1) envisage la reconversion. «Les facteurs à l’ancienne, ça n’existe plus. Aujourd’hui, on n’a plus aucune reconnaissance, on travaille à une cadence industrielle, le lien social avec les gens est quasi inexistant car on a plus le temps. C’est pourtant ce qui me bottait le plus. Bref, on a perdu l’essence même de notre métier», déplore le trentenaire.
Comme Arthur, partout en France, des agents de la Poste expriment un mal-être grandissant. Pour relayer leur colère, deux syndicats, la CGT FAPT (fédération des activités postales et de télécommunications) et SUD PTT, appellent les postiers à la grève et à la mobilisation ce mardi pour réclamer une «revalorisation des salaires» et «l’arrêt des suppressions de postes et fermetures de bureaux». En Dordogne, un rassemblement était prévu dès 9 heures devant le bureau de poste de Boulazac, commune de 11 000 habitants. Dans le département, la question des conditions de travail à la Poste a une résonance toute particulière : à l’automne 2018, deux employées de la Poste, de Sarlat et de Saint-Astier, s’étaient suicidées à