Un mouvement qui s’amplifie et près de 85 départements mobilisés d’ici vendredi. Sur France 2 ce mercredi 24 janvier, le président de la puissante Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles Arnaud Rousseau annonce : «D’ici vendredi, près de 85 départements vont mener des actions, de manière continue ou sporadique». Par ailleurs, une quarantaine de revendications devraient être publiées dans l’après-midi, a-t-il poursuivi. La veille, sur TF1, le syndicaliste promettait que ce mercredi «les actions [allaient] s’amplifier».
Endeuillée par la mort d’une éleveuse et de sa fille en Ariège, la mobilisation des agriculteurs se poursuit avec des barrages routiers pour faire pression sur le gouvernement de Gabriel Attal. Après la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) reçus lundi, la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, et la Confédération paysanne, troisième, sont sortis mardi soir du bureau du Premier ministre sans appeler à lever les blocages. Le Premier ministre recevait ce matin la Confédération paysanne, le troisième syndicat le plus représentatif de la profession.
A l’issue du Conseil des ministres en fin de matinée, la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot a assuré : «Cette nation agricole est au rendez-vous de ses responsabilités, tous les jours. Cette nation agricole nous lance un appel. Cet appel, leur appel, nous l’avons entendu et nous allons continuer à y répondre». Elle a par ailleurs souligné que Gabriel Attal s’était engagé à aller «rapidement» sur le terrain. «Nous allons annoncer des mesures dans les prochains jours», a-t-elle précisé, tout en assurant qu’il n’était pas «pas question d’empêcher» les blocages routiers. Démarré jeudi dernier en Occitanie par un blocage d’autoroute qui continue, le mouvement, s’étend dans la région et désormais dans toute la France.
A Agen, les agriculteurs mettent le feu devant la préfecture
A Agen, la Coordination rurale bloque toujours l’A62 et menace de faire «tomber» les grilles de la préfecture. De la terre et des pneus ont été déversés devant le bâtiment ce mardi. De nombreux CRS sont présents et font face à de nombreux agriculteurs et leurs engins agricoles. Mardi, il avait été arrosé de lisier, de tripes et de peinture rouge. Rebelote ce mercredi. Après des discussions infructueuses avec le préfet et le ministère de l’agriculture, les agriculteurs ont aspergé de lisier les murs de la préfecture et enflammé des tas de pneus. Une pelleteuse a également déversé dans la cour de la préfecture de Lot-et-Garonne pneus, botte de paille et plastiques.
Nouvel arrosage sur la grille àla préfecture... #Agen #AgriculteursEnColere pic.twitter.com/myjYPjR6HH
— Elodie Viguier (@elodieviguier) January 24, 2024
D’après le journaliste Clément Lanot, des centaines de taxis auraient rejoint le mouvement des agriculteurs sur place. Plus tôt ce mercredi, les manifestants ont également déversé des ballots de paille dans un McDonald’s de la ville. Et un drapeau européen a été brûlé pour dénoncer le nombre de normes imposées par l’UE. En outre, la Coordination rurale promet de poursuivre ses opérations de bâchage de radars, notamment dans le Lot-et-Garonne et en Dordogne, et veut sensibiliser les visiteurs du festival de BD d’Angoulême à «la cause des agriculteurs».
La déception au sortir de chez le @Prefet47 ... "On sort comme on est rentrés. " ça va twister #agen #AgriculteursEnColere pic.twitter.com/ZNHoMzCJlN
— Elodie Viguier (@elodieviguier) January 24, 2024
Ailleurs dans le Sud-Ouest
Haute-Garonne. Point de départ de la contestation, le barrage au niveau de Carbonne sur l’A64, dans la région toulousaine, est maintenu pour son sixième jour de rang. A Toulouse, près de 300 taxis mènent en ce moment une opération escargot pour lutter contre une réforme du transport sanitaire. A proximité, à Balma, la préfecture de Haute-Garonne confirme la présence d’un nouveau blocage au niveau d’un rond-point.
Nouvelle-Aquitaine. Selon France 3 Périgord, une opération escargot sur l’A89 serait en cours, escortée par les gendarmes, en direction de Périgueux.
Charente-Maritime. Des manifestants ont déversé du fumier et des pneus sur l’autoroute A10 au niveau de Saintes, relève Sud Ouest.
Aude. La Dépêche du Midi rapporte que les agriculteurs maintiennent depuis mardi un blocage de la Socamil, la plateforme logistique d’E. Leclerc à Castelnaudary. Plus de 70 camions seraient en attente de déchargement.
Gironde. Au petit matin ce mercredi, des agriculteurs à bord d’au moins 200 tracteurs ont envahi la rocade de Bordeaux, axe névralgique entre Paris et l’Espagne, bloquant la circulation pour exprimer les revendications d’une «agriculture en colère». Le pont d’Aquitaine y est actuellement bloqué.
Pyrénées-Atlantiques. D’autres manifestants sont également attendus à Bayonne et Pau (A63 et A64) où les agriculteurs ont passé la nuit sur l’A63, d’après Sud Ouest.
Tarn-et-Garonne. Trois ronds points d’accès à la centrale nucléaire de Golfech, qui alimente en électricité le bassin toulousain, sont bloqués par une cinquantaine de tracteurs depuis lundi matin.
Landes. Sud Ouest estime que 80 agriculteurs sont mobilisés. L’accès à l’A65 est bloqué dans un mouvement qui pourrait durer 48 heures d’après les syndicats.
Dans le Centre
Creuse. Mercredi à l’aube, la préfecture de la Creuse a déclaré dans un message sur le réseau social X (ex-Twitter) que «la RN145 est bloquée dans le sens Guéret /Limoges à partir de l’échangeur 54». A l’échelle de la région, la préfecture d’Auvergne Rhône-Alpes appelle sur X (ex-Twitter) tous les usagers de la route à différer leur déplacement sur «toutes les routes» de la région.
Puy-de-Dôme. La FDSEA et les Jeunes agriculteurs du Puy-de-Dôme prévoient pour leur part de bloquer l’autoroute A71 à hauteur de Clermont-Ferrand. D’après La Montagne, les manifestants sur place seraient déterminés à y passer la nuit.
Dans le Sud-Est
Vaucluse. Une opération escargot est prévue sur l’A7, de Orange vers Bollène, a appris BFM TV de sources syndicales. D’après Le Dauphiné Libéré, un convoi de Bollène est en direction de Montélimar (Drôme).
Drôme. Le barrage installé mardi sur l’A7 reste en place, bloquant l’autoroute dans les deux sens à hauteur de Saint-Rambert-d’Albon. L’A49 aussi fait l’objet d’un blocage. La préfecture de la Drôme rapporte une «augmentation du nombre d’accidents impliquant des poids lourds» sur le réseau secondaire. En tout, six ont eu lieu, provoquant le décès d’un motard. Plus tôt dans la journée, elle a décidé d’interdire la circulation de tous les véhicules sur l’autoroute A7, de Saint-Paul-Trois-Châteaux à Saint-Rambert-d’Albon. Elle invite tous les usagers à reporter les déplacements non essentiels, y compris professionnels en privilégiant le télétravail. Du fumier a par ailleurs été déversé au niveau de Bourg-de-Péage.
Isère. Depuis 9 h 50, Le Dauphiné Libéré relève qu’une vingtaine de tracteurs bloque la Lacra (rocade Est) dans le sens Valence Grenoble.
Rhône. Des mobilisations sont aussi au programme ce mercredi autour de Lyon (M6, A47).
Hautes-Alpes. A Gap, Le Dauphine Libéré rapporte qu’une vingtaine d’agriculteurs serait en opération coup de poing à Auchan consistant à retirer des rayons les produits importés faisant concurrence aux marchandises locales.
Dans l’Est
Bas-Rhin. Plusieurs centaines de tracteurs ont commencé à bloquer l’autoroute de contournement de Strasbourg, un axe très fréquenté qui est condamné jusqu’à jeudi soir par les agriculteurs. Plusieurs convois se sont rejoints, venant du sud et du nord du Bas-Rhin pour converger au point de rendez-vous fixé à hauteur de la capitale alsacienne. L’autoroute a été bloquée à partir de 16 heures par des centaines d’agriculteurs venus avec de quoi tenir plus de 24 heures: barbecues géants, barnums, toilettes sèches, braseros et tentes Quechua dans certains habitacles.
Plusieurs convois se sont rejoints, venant du sud et du nord du Bas-Rhin pour converger au point de rendez-vous fixé à hauteur de la capitale alsacienne. L’autoroute a été bloquée à partir de 16H00 par des centaines d’agriculteurs venus avec de quoi tenir plus de 24 heures: barbecues géants, barnums, toilettes sèches, braseros et tentes Quechua dans certains habitacles.
Moselle. Les Jeunes Agriculteurs ont, d’après Le Républicain Lorrain, par ailleurs annoncé avoir neutralisé dans la nuit «l’ensemble des radars de Moselle, hormis ceux installés sur les autoroutes».
Haute-Saône. Des agriculteurs ont mené une action contre l’usine Lactalis de Loulans-Verchamp. Du lisier a été déversé à son entrée. «Le leader mondial du lait refuse depuis des mois de négocier avec les éleveurs laitiers malgré des obligations légales, et paye le lait 15 % en dessous de ses concurrents», éclaire la FDSEA du département sur X.
Interview
Dans l’Ouest
Finistère. La route nationale 165 est occupée au niveau du pont de Rouillen à Quimper par une cinquantaine de tracteurs venue de Quimperlé, Scaër, Châteaulin, comme le souligne Ouest-France. La Bretagne est scrutée de près par les autorités en raison de la forte présence d’agriculteurs, qui devraient entrer dans la danse ce mercredi avec des actions sur ou aux abords de nombreuses voies rapides de Bretagne (notamment la RN12). Les pêcheurs, touchés par une interdiction provisoire d’exercer, risquent aussi de se joindre au conflit.
Vendée. De multiples autres ronds-points, péages ou bretelles d’autoroutes seront occupés, sans compter des opérations escargots, comme à Angoulême mardi, ou deux péages rendus gratuits sur l’A83.
Orne. Tracteurs et éleveurs bloquaient en fin de matinée l’usine de camembert Président du groupe Lactalis, à Domfront-en-Poiraie. L’entreprise est accusée de «fouler aux pieds» la loi Egalim, censée garantir la rémunération des agriculteurs par les industriels. Le numéro un mondial du secteur «ne paie que 403 euros» les 1 000 litres, là où ses concurrents les achètent 440 euros, affirme Sylvain Délye, 50 ans, éleveur de vaches et président de la FNSEA dans ce département.
Dans le Nord
Oise. Le barrage installé à hauteur de Beauvais sur l’A16 reste en place. Mardi, une centaine d’agriculteurs présents sur place menaçait même d’aller jusqu’à «bloquer Paris».
Somme. Les agriculteurs comptent poursuivre le barrage filtrant mis en place sur un péage de l’A29 près d’Amiens.
Pas-de-Calais. De nouvelles manifestations dans l’Aisne et le Pas-de-Calais sont prévues. Un barrage a été mis en place au péage de Setques, sur l’A26. Les quatre voies de l’A16 sont bloquées par une vingtaine de tracteurs, rassemblée à Marquise à proximité de la bretelle d’accès à l’autoroute A16 en direction de Calais, annonce la Voix du Nord. Selon la préfecture de région, «l’accès aux différentes plateformes transmanche est susceptible d’être perturbé» - tunnel sous la Manche et port desservant l’Angleterre. Plus tard dans la matinée, BFM TV a confirmé que les agriculteurs bloquaient la principale voie d’accès au port de Calais aux camions transportant de la marchandise pour le Royaume-Uni. La préfecture a pris un arrêté pour interdire la circulation «de tout véhicule» ce mercredi jusqu’à 17 heures, sur l’A16 et l’A26.