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Libération
Reportage

Mort de Nahel : nuit calme dans la banlieue sud de Paris

Mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterredossier
«Libération» a sillonné plusieurs villes des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne et de l’Essonne sans constater de troubles ou de violence.
Dans le quartier Pablo Picasso, à Nanterre, le 1er juillet. (Charly Triballeau/AFP)
publié le 3 juillet 2023 à 8h17

Un dimanche soir presque comme les autres en Ile-de-France, si ce n’est que les bus, tramways et RER ont cessé leur activité à partir de 21 heures contre 0h45 en moyenne dans les transports régionaux. Dans le sud des Hauts-de-Seine, la situation est quasi normale. Certes, des véhicules de police municipale sont bien stationnés à quelques carrefours stratégiques comme à Chatillon, mais leurs occupants indiquent à Libération «un début de soirée calme». De Montrouge à Malakoff, nombre de restaurants sont ouverts, et les terrasses passablement remplies. La cité Barbusse, grand ensemble de logements sociaux, semble elle aussi se préparer paisiblement à cette dernière soirée de la semaine.

Hôtel complet

Dans le département voisin de l’Essonne, le centre-ville d’Evry est quasiment désert. Michel et Bernard (1), les rares passants rencontrés, notent que le calme est revenu depuis vendredi soir, mais que les commerces habituellement ouverts le dimanche n’ont pas tous levé leur rideau, ou alors ont fermé plus tôt. Signe de la tension passée, une agence du Crédit mutuel et le magasin Carrefour situés en face l’un de l’autre ont protégé leurs vitrines de panneaux de bois.

Une centaine de mètres plus loin, le réceptionniste de la résidence hôtelière Residhotel confie que l’établissement est quasiment complet depuis l’arrivée d’un bus d’étudiants chinois. Les premières annulations, si elles ont lieu, apparaîtront cette semaine. Non loin de là, la gare RER d’Evry est comme toutes les autres close depuis 21 heures. Trois cheminots, chasuble orange griffée aux couleurs de la SNCF, répondent inlassablement aux questions sur les raisons de la fermeture et donnent rendez-vous lundi matin à 4h32 pour la première rame en direction de Paris.

Quelques détonations

A quelques encablures, la commune de Grigny – qui a connu par le passé son lot d’événements violents notamment au sein de la cité de la Grande Borne. Ce dimanche soir, le grand ensemble ne laisse pas entrevoir le moindre signe avant-coureur d’une éventuelle flambée de violence. En périphérie, un bâtiment appartenant à la municipalité est toutefois surveillé par un agent de sécurité et quelques mètres plus loin la station-service Total est non seulement fermée mais des conteneurs à ordures ménagères ont été disposés devant les pompes de manière à éviter toute ambiguïté sur la vente nocturne de carburant.

Vingt kilomètres au nord ouest, la ville de Créteil semble tout aussi apaisée. Aux alentours de minuit, trois voitures de police gyrophare en action filent vers la commune voisine d’Alfortville, quelques détonations sourdes et une colonne de fumée marquent vraisemblablement l’entrée en action de mortiers artisanaux, confirmée quelques minutes plus tard par une odeur tenace de poudre. Dernières manifestations d’une semaine de violence ou œil du cyclone ?

(1) Les prénoms ont été changés.