Depuis des années, Neuralink aurait été au courant. Reuters révèle ce mercredi 15 mai que la start-up d’Elon Musk, mettant au point un implant cérébral, savait depuis des années que les fils de sa technologie finissaient par se rétracter dans le cerveau de ses patients. Sous anonymat, trois personnes proches du dossier ont assuré à l’agence que la société l’avait déjà observé lors de tests menés sur des animaux. Elle aurait toutefois estimé que le risque était suffisamment faible pour que sa création soit retravaillée.
Problème : c’est dans le cerveau d’un être humain que ce dysfonctionnement s’est réitéré. Noland Arbaugh, 29 ans, tétraplégique depuis un accident de plongée, a reçu l’implant N1 de Neuralink en janvier - la première implantation de l’appareil chez un humain. En mars, l’entreprise avait diffusé une vidéo le montrant en train de jouer aux échecs en ligne, par la pensée, sans mentionner de souci. Toutefois, la semaine dernière et après les révélations du Wall Street Journal, la start-up a confessé sur son blog : «Dans les semaines qui ont suivi l’opération, un certain nombre de fils se sont rétractés du cerveau, ce qui a entraîné une diminution nette du nombre d’électrodes efficaces». Les fils sont garnis d’électrodes qui captent les signaux neuronaux. La capacité de Noland Arbaugh à contrôler le curseur à l’écran a donc diminué.
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Le souci serait toutefois désormais réglé. «En réponse à ce changement, nous avons modifié l’algorithme d’enregistrement pour qu’il soit plus sensible aux signaux, nous avons amélioré les techniques de traduction de ces signaux en mouvements du curseur et nous avons amélioré l’interface utilisateur», a détaillé Neuralink, affirmant que les capacités de contrôle via l’implant ont désormais «dépassé les performances initiales de Noland».
70 heures par semaine
En mars, Noland Arbaugh s’était émerveillé de ses nouveaux pouvoirs. «C’est tellement cool», avait-il déclaré, tout sourire, dans la vidéo diffusée en direct. «Il y a encore beaucoup de choses à faire, mais cela a déjà changé ma vie», renchérissait-il. D’après l’entreprise californienne, il passe désormais près de 70 heures par semaine à s’en servir, la moitié du temps pour les tests liés aux essais cliniques, et l’autre moitié pour ses activités personnelles, des jeux vidéo aux cours de langues étrangères. «Je n’ai pas été capable de faire ces choses pendant 8 ans et maintenant je ne sais même pas par où commencer», a-t-il indiqué, cité dans le billet de blog.
L’implant, de la taille d’une pièce de monnaie, a déjà été placé dans le cerveau d’un macaque, parvenu ensuite à jouer à un jeu vidéo sans manette ni clavier. Au-delà des ambitions médicales partagées par de nombreux laboratoires et start-up, Elon Musk ambitionne de proposer son implant à tous, afin de mieux communiquer avec les ordinateurs et de contenir, selon lui, le «risque pour notre civilisation» que représente l’intelligence artificielle.
Neuralink avait obtenu en mai 2023 le feu vert de l’Agence américaine de régulation des médicaments et appareils médicaux (FDA). Une organisation qui, d’après les sources de Reuters, était aussi au courant des perturbations de l’appareil. Cette dernière aurait en effet eu accès aux résultats des tests menés par Neuralink sur des animaux, dans lesquels les dysfonctionnements auraient été évoqués.