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Libération
Dégringolade

Le groupe Nissan annonce une perte nette monumentale de 4,1 milliards d’euros en 2024-2025

Le constructeur automobile a affirmé ce mardi 13 mai prévoir 20 000 suppressions d’emplois dans son plan de redressement. Le groupe français Renault, qui détient 35 % de l’entreprise japonaise, s’attend à un fort impact négatif.
Une travailleuse de Nissan en 2020 à Yokohama. (PHILIP FONG/AFP)
publié le 13 mai 2025 à 10h35
(mis à jour le 13 mai 2025 à 12h25)

La chute est douloureuse. Le constructeur automobile japonais en difficulté Nissan, a annoncé ce mardi 13 mai avoir subi lors de son exercice 2024-2025 une perte nette annuelle colossale de 671 milliards de yens (4,1 milliards d’euros), un peu en deçà de la perte record essuyée en 1999-2000.

Cette contre-performance s’explique notamment par les coûts liés au plan de redressement engagé : fortement endetté, confronté à sa perte de rentabilité et à l’essoufflement des ventes sur ses marchés clés américain et chinois, Nissan avait annoncé en novembre vouloir réduire de 20 % ses capacités de production. «La réalité est claire : nous avons une structure de coûts très élevée. Pour compliquer encore les choses, le marché mondial est volatil et imprévisible, ce qui rend la planification et l’investissement de plus en plus difficiles», a déclaré ce mardi le PDG Ivan Espinosa.

Nissan a également dévoilé son projet de fermer sept de ses 17 usines de production d’ici à 2027 et de porter à 20 000 les suppressions d’emplois prévues dans son plan de redressement. Soit 15 % de ses effectifs mondiaux, un chiffre revu en nette hausse par rapport aux 9 000 suppressions d’emplois initialement annoncées en novembre. En outre, l‘entreprise a récemment abandonné son projet, tout juste approuvé, d’usine de batteries au lithium d’un milliard de dollars dans le sud du Japon. «Nous ne ferions pas cela si ce n’était pas nécessaire pour survivre», a assuré Ivan Espinosa devant la presse.

Dans la foulée de ces annonces, le groupe français Renault, qui détient 35 % de l’entreprise japonaise, a annoncé s’attendre à un impact négatif s’élevant à 2,2 milliards d’euros au premier trimestre 2025 des dépréciations et des coûts de restructuration de Nissan.

Chiffre d’affaires stable

Le constructeur japonais, dont l’action a perdu 40 % sur l’année écoulée, reste sous la pression d’un énorme endettement : les agences de notation ont d’ailleurs abaissé la note de sa dette et l’ont placée en catégorie spéculative, Moody’s pointant sa «faible rentabilité» et «sa gamme de modèles vieillissants» alimentant le déclin des ventes.

Le constructeur a annoncé mardi pour 2024-2025 un chiffre d’affaires stable (-0,4 %) de 12 633 milliards de yens (76,9 milliards d’euros), et attend des revenus du même ordre pour l’exercice 2025-2026 entamé début avril. En revanche, Nissan n’a - chose rare - dévoilé aucune prévision de bénéfices pour ce nouvel exercice annuel. «L’incertitude liée aux politiques douanières américaines nous empêche d’estimer rationnellement nos prévisions annuelles», explique Ivan Espinosa.

De fait, depuis avril, Washington surtaxe à 25 % les voitures importées aux Etats-Unis. Or, Nissan y a réalisé l’an dernier 30 % de ses ventes mondiales : 924 000 véhicules, dont 45 % étaient importés du Japon et du Mexique. Parmi les constructeurs japonais, Nissan sera probablement le plus durement touché par la guerre commerciale. Dans l’immédiat, Nissan assure disposer de stocks «importants» chez ses concessionnaires américains, mais il sera ensuite confronté à un dilemme : car répercuter les surtaxes sur les prix de vente pourrait dissuader sa clientèle.

Le groupe avait entamé fin 2024 avec Honda des négociations en vue d’un mariage pouvant donner naissance au troisième constructeur mondial, dans l’espoir de rattraper son retard dans l’électrique, mais les discussions se sont effondrées mi-février. Cette débâcle a précipité le départ du PDG Makoto Uchida, remplacé par Ivan Espinosa, mexicain, qui entend muscler le «plan de redressement». «Nissan doit donner la priorité à son amélioration continue avec une urgence accrue», a-t-il réaffirmé ce mardi.

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