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Enquête

«Nous ne sommes pas là pour perdre de l’argent» : les méthodes du groupe Bigard, baron de la barbaque

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Avec 30 % du marché, le tout-puissant numéro 1 français de la viande fait la loi et impose ses prix. Si des salariés vantent les mérites de l’entreprise familiale, d’autres dénoncent leurs conditions de travail. Les éleveurs, eux, pointent du doigt des tarifs trop bas.
Au marché international de Rungis, le 29 janvier. (Albert Facelly/Libération)
publié le 1er mars 2024 à 16h51

C’est un simple document d’une page, mais il est attendu avec fébrilité par tous les éleveurs bovins de France et de Navarre, chaque jeudi après-midi. Il s’agit des orientations de prix du groupe Bigard. En clair, il indique à quel prix sera acheté la semaine suivante le kilo de carcasse de bœuf. Et ce tarif sera celui du marché, même pour les concurrents. Ainsi, si le numéro 1 français de la viande décide que le kilo de bovin sera payé 5,80 euros aux éleveurs, les autres entreprises d’abattage auront du mal à se situer en dessous ou au-delà de ce prix de référence, crucial pour le revenu des producteurs de viande bovine. Dans ce métier où chaque centime compte, il suffit d’une légère baisse des cours pour plonger nombre d’exploitants dans le rouge. Leader incontesté du secteur, avec plus de 30 % de parts de marché, ce groupe fort de 60 sites industriels, dont 30 abattoirs, cultive une discrétion au moins égale à ses performances.

Libération a pu constater à quel point les langues ont du mal à se délier dès qu’il s’agit d’évoquer la stratégie de Bigard ou la personnalité de son si discret patron. «Je ne suis pas un rapporteur», a sèchement répondu