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Prévisions

Nucléaire en progrès, barrages pleins, consommation à la baisse… RTE écarte le risque de coupure électrique cet hiver

Après les craintes l’hiver dernier, le gestionnaire du réseau d’électricité rassure ce mercredi 8 novembre sur la sécurité d’approvisionnement lors des mois prochains.
Des employés de RTE à l'ouvre près de la station d'Arêches-Beaufort (Savoie), le 6 septembre 2022. (Jeff Pachoud/AFP)
publié le 8 novembre 2023 à 13h53

A la même époque l’an dernier, on avait vu les mines sombres des dirigeants de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité. Ils nous expliquaient que l’hiver allait être tendu, que des coupures de courant étaient possibles. Un an plus tard, c’est un tout autre discours. «Les perspectives pour la sécurité d’approvisionnement en électricité lors de l’hiver 2023-2024 sont beaucoup plus favorables que l’an passé. Le risque de déséquilibre entre l’offre et la demande en électricité est estimé à «faible», écrit la filiale d’EDF dans sa note d’analyse ce mercredi 8 novembre.

Les raisons de cet optimisme tiennent à plusieurs paramètres. Certains sont le prolongement de ce qui a été observé l’hiver dernier, en particulier la consommation plus faible en France (de l’ordre de -8 %). Dans une étude Ipsos pour RTE, 79 % des Français qui avaient baissé leur consommation d’électricité ont cité des arguments financiers, quand le «civisme» ou la limitation du réchauffement climatique arrivaient nettement plus loin. Or, si les prix ont baissé depuis l’an dernier, ils restent bien plus haut qu’avant la crise énergétique. En janvier, le gouvernement devrait d’ailleurs annoncer une nouvelle hausse des tarifs régulés, pouvant aller jusqu’à 10 %. Pas de quoi faire passer l’envie des Français d’économiser leur énergie.

D’autres données sont apparues au fil de l’année. A commencer par la capacité de production nucléaire, qui continue de progresser. En novembre 2022, RTE prévoyait 40 GW de puissance nucléaire disponibles début janvier 2023. Grâce au bon rythme des réparations et des maintenances, les centrales devraient passer 45 GW en décembre 2023 et possiblement 50 GW en janvier. Un volume toujours inférieur à ce qui était la norme au début des années 2010, mais la poursuite des travaux de réparation des corrosions sous contrainte ou l’arrivée à terme de l’EPR Flamanville devraient changer la donne.

Rythmes d’installation des énergies renouvelables soutenus

Les autres énergies sont elles aussi au beau fixe. «Les stocks hydrauliques se situent, à l’heure actuelle, à des niveaux supérieurs à la moyenne des années passées», précise RTE, en raison de pluies abondantes qui ont compensé les périodes de sécheresse observées dans l’année. Là aussi, cette source indispensable au réseau avait été mise à mal en 2023 : les barrages français n’avaient jamais produit aussi peu d’électricité depuis la sécheresse de 1976.

Le rythme d’installation des énergies renouvelables poursuit quant à lui sa route. Deux nouveaux parcs d’éoliennes en mer ont commencé à produire de l’électricité à Fécamp et à Saint-Brieuc (1 GW de puissance supplémentaire au total) et leur production «devrait augmenter progressivement» au cours de l’hiver. Toute une série de faisceaux qui contribue au sourire retrouvé sur les visages des représentants du gestionnaire du réseau.

«Signal bas-carbone»

La France est-elle pour autant sortie de ses doutes énergétiques ? «Le recours aux moyens de sauvegarde ne se matérialiserait que dans des scénarios très dégradés combinant plusieurs aléas défavorables : reprise rapide de la consommation, retards sur les retours d’arrêts des centrales nucléaires, vague de froid sévère, ou limitations fortes des imports», liste RTE. Mais qui précise : «Des situations de défaillance et de recours aux moyens de sauvegarde ne peuvent donc être totalement exclues mais apparaissent ainsi nettement moins probables que l’hiver dernier.» Ce qui dans la bouche d’une institution par nature prudente équivaut à un risque quasi nul.

Les outils d’information vont malgré tout perdurer. L’application Ecowatt, téléchargée plus de 3 millions de fois, qui indique par des couleurs la situation sur le réseau et pouvait prévenir d’éventuelles coupures de courant, est refondue. Avec une nouveauté : un indicateur sur le volume d’énergie décarbonée produite à un instant T. L’objectif de ce «signal bas-carbone» : expliquer «aux consommateurs les meilleurs moments pour consommer l’électricité, en décalant et en modulant leurs usages», afin d’être quasi sûr d’utiliser une énergie nucléaire, éolienne, hydraulique ou solaire. «40 % des heures de l’année sont 100 % décarbonées», affirme Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, des moments qui sont plus fréquents la nuit, l’après-midi, le week-end, le printemps et l’été. La peur de novembre 2022 semble avoir vraiment disparu.