Rendre les consommateurs «captifs pour assurer le profit de l’entreprise». C’est ce dont est accusé le fabricant d’ordinateurs et d’imprimantes HP dans la plainte pénale déposée en France lundi par l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP), et révélée ce mardi 26 novembre par un plaignant du dossier. Précisément, l’association militante reproche à la marque de mettre en place une «obsolescence programmée des produits par voie logicielle» ainsi qu’une «entrave au reconditionnement et à la restauration des fonctionnalités des cartouches d’encre HP rechargées ou reconditionnées hors de ses circuits agréés».
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Selon l’association, le géant du numérique met en place plusieurs stratégies «opaques» pour réduire la durée de vie des cartouches. Premièrement, il bloquerait à distance, grâce à une puce et un logiciel, les cartouches qui ne sont pas de la marque, mais aussi les cartouches HP qui auraient été rechargées chez des concurrents, sans en informer «clairement» le client et rendant parfois inutilisables imprimantes et scanners. Ensuite, HP rendrait «obsolètes des lots entiers de cartouches sous prétexte de mise à jour», ce qui «laisserait entrevoir un important gâchis de ressources et d’argent». Enfin, l’entreprise réduirait au fil des années «la quantité d’encre dans ses cartouches tout en augmentant leurs prix, atteignant jusqu’à 7 500 euros le litre».
Troisième plainte pénale en France
«HP cherche à tout prix que les cartouches ne soient utilisées qu’une seule fois. C’est malhonnête pour les consommateurs et néfaste pour l’environnement», dénonce Flavie Vonderscher, responsable de plaidoyer chez HOP. Se fondant en outre sur des décisions ayant sanctionné HP à l’étranger (Italie, Etats-Unis), HOP espère l’ouverture d’une enquête préliminaire afin de faire cesser ces pratiques, et a mis en ligne une pétition.
A la suite de plaintes de HOP, deux enquêtes préliminaires sont en cours en France. Une à Nanterre depuis 2017, visant le fabricant japonais Epson pour obsolescence programmée et tromperie, soupçonné de bloquer «des impressions au prétexte que les cartouches d’encre seraient vides alors qu’il reste encore de l’encre».
L’autre à Paris depuis 2023 pour pratiques commerciales trompeuses et obsolescence programmée visant le géant américain des smartphones Apple, accusé de «restreindre la réparation pour les réparateurs non-agréés ou de dégrader un smartphone réparé avec des pièces génériques à distance». En février 2020, Apple avait accepté de payer en France une amende de 25 millions d’euros dans le cadre d’une transaction pénale pour mettre fin à des poursuites pour pratiques commerciales trompeuses.