Colmater les brèches. Le nouveau directeur général d’Orpea, Laurent Guillot, tente de régler les affaires sensibles depuis la sortie du livre les Fossoyeurs qui a révélé, il y a dix mois, aussi bien des comportements de maltraitance que des détournements de fonds. Dans la kyrielle de poursuites judiciaires dont fait l’objet le numéro 2 des maisons de retraite en France, l’Inspection générale des finances (IGF) et l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) ont pointé 56 millions d’euros de financements versés par l’Etat et non justifiés. Des sommes qu’Orpea a été sommé de rembourser.
Il s’agit notamment d’emplois d’aides-soignants, subventionnés par les deniers publics, alors même que les salariés recrutés n’avaient pas cette qualification. Un «glissement» dénoncé par le rapport conjoint de l’IGF et l’Igas qui s’inquiète des conséquences de telles pratiques : «Sur le plan juridique et en termes de responsabilité individuelle, cela a pour résultat de faire accomplir sans cadre réglementaire et sans assise professionnelle solide des tâches relatives aux soins de publics fragiles.» En clair, il s’agit de recours à des salariés non qualifiés pour prendre en charge quotidiennement des personnes âgées dépendantes.
Dans un premier temps, Orpea a annoncé le remboursement partiel de ces 56 millions et refusé mordicus de rendre le moindre euro lié aux emplois d’aides-soignants qui n’en étaient pas. Finalement, mardi soir, la direction a annoncé le paiement intégral de ce qui lui est demandé. Un revirement justifié ce matin sur le plateau de France Info par Laurent Guillot : «Il y a un moment où il faut solder le passé.»
Faire oublier les errements du passé
Il faut sans doute voir dans cette volte-face une volonté de calmer le jeu avec l’Etat, alors qu’Orpea a dû faire face, la semaine dernière, à des dizaines de perquisitions dans différents établissements. Les gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) sont venus chercher des dossiers médicaux de résidents, et sans doute des documents sur la gestion financière et la recherche permanente d’économie durant des années. Une opération lancée le matin même où le groupe annonçait son plan de refondation, pour tenter de faire oublier les errements du passé.
L’entreprise veut également parvenir à un accord avec le gouvernement sur le recrutement de «faisant fonction d’aides-soignantes». Le recrutement dans ce secteur est particulièrement compliqué en raison de la pénibilité des tâches. Il y a donc beaucoup moins de salariés qualifiés que d’emplois disponibles. L’une des pistes avancée par Orpea serait de pouvoir recruter des auxiliaires de vie, qui officient auprès des personnes âgées à domicile, et leur faire acquérir par le biais de formation interne le statut d’aide-soignant. Une évolution pour laquelle l’accord des ministères de tutelle (Emploi et Santé) est indispensable. Et pour espérer les obtenir, il est préférable de régler d’abord ses ardoises.