Sale journée pour le transport aérien mondial. D’abord, parce qu’il s’agit en Europe d’une période traditionnellement chargée de départs en vacances durant laquelle les vols sont à la fois plus nombreux et plus remplis. Ensuite et surtout, parce que la défaillance informatique du jour a de multiples conséquences sur le fonctionnement quotidien de plusieurs compagnies aériennes. En revanche, pas d’effets constatés dans les aéroports français. Les tours de contrôle qui gèrent les décollages et atterrissages, mais aussi les centres de régulation chargés de guider l’ensemble des appareils en vol au-dessus du territoire ne sont pas concernés.
Perturbations des enregistrements
«Nous utilisons nos propres outils informatiques et ils n’appartiennent pas à l’univers Microsoft», indique à Libération un porte-parole de la Direction générale de l’aviation civile. Ce département du ministère des Transports organise et gère au quotidien l’ensemble du transport aérien dans l’Hexagone. En clair donc il n’y aurait aucun problème pour l’utilisation des routes aériennes et l’approche des aéroports français.
C’est au sol que ça se complique. Les aéroports et les compagnies aériennes utilisent, eux, des logiciels qui ont pu être affectés par la panne informatique. Ainsi en début de journée, Air France-KLM a annoncé des perturbations sur ses vols vers Amsterdam et Berlin, avant un retour à la normale en fin de journée. Les aéroports de Zurich et Hongkong sont également touchés. Sur chacune de ces plateformes comme au sein des compagnies aériennes, les mille et une tâches indispensables pour acheminer un passager et ses bagages dans l’avion et ensuite pour les débarquer sont susceptibles d’être perturbées. Transavia, la filiale low-cost d’Air France-KLM a été contrainte d’annuler 48 vols et doit procéder à l’enregistrement manuel de ses passagers. «L’équilibrage des avions, c’est-à-dire la répartition des bagages dans les soutes au regard du nombre de passagers, mais aussi les données météo ou l’impression des plans de vols pour les pilotes peuvent également souffrir de cette panne informatique», détaille Xavier Tytelman, ancien pilote dans l’aéronavale et aujourd’hui consultant aéronautique. Sans oublier les contrôles de sûreté avant l’embarquement ou encore l’acheminement des plateaux-repas à bord des avions. Toutes ces activités ont pu voir leur système informatique perturbé par cette panne mondiale.
Accumulation des bagages
Le plus compliqué est probablement à venir. L’effet domino pourrait jouer à plein ce week-end. Les aéroports et les compagnies aériennes vont devoir gérer les milliers de passagers qui n’ont pu voyager aujourd’hui ou ont été retardés. Ce qui signifie des milliers de personnes en attente qu’il faut hydrater, nourrir et parfois héberger. Dans ce type de situation, les bagages deviennent rapidement un sujet sensible. La désorganisation des vols a pour conséquence qu’ils s’accumulent et les aéroports n’ont guère d’espace pour les stocker. Il faut ensuite les redistribuer aux passagers qui ont parfois quitté l’aéroport pour une autre destination.
Il est toutefois préférable pour la France, en tout cas, que cette panne se soit produite ce vendredi et non dans une semaine jour pour jour. Le 26 juillet sera d’une part l’une des dates les plus chargées pour le transport aérien européen en raison du chassé-croisé des vacanciers. Mais surtout, à partir de 18 h 30, le trafic sera totalement interrompu au-dessus de l’Ile-de-France, une mesure de sécurité prise pour le bon déroulement de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Les compagnies devront donc s’organiser pour faire décoller et atterrir leurs avions avant 17 h 30 à Roissy, Orly, le Bourget et Beauvais. Le respect impératif de ce timing suppose néanmoins qu’aucun bug informatique ne se produise.