«Indécent», «inacceptable», mais pas suffisant pour remettre en question une prometteuse collaboration. Au surlendemain de la publication de l’enquête de la répression des fraudes dévoilant que la plateforme Shein vendait des poupées sexuelles de forme enfantine, le patron du BHV Frédéric Merlin, qui doit accueillir ce mercredi un corner du géant chinois de la vente en ligne, s’en est ému, ce lundi sur Instagram.
Dans une story, le PDG de la Société des grands magasins a ainsi dénoncé : «La plateforme SHEIN a proposé à la vente des poupées à caractère sexuel [et pédopornographique, la vente de poupées à usage sexuel n’ayant rien de répréhensible en soi, ndlr]. C’est indécent, c’est inacceptable. Cette affaire montre les dérives d’un système où aucune plateforme n’est vraiment encadrée. Quand tout peut être vendu sans contrôle, c’est la dignité qui disparaît. Le commerce doit avoir des règles. Et des valeurs.»
La colère émise par Frédéric Merlin semble pourtant circonscrite à une expression sur les réseaux sociaux. En effet, dans une deuxième story, il a maintenu et défendu le partenariat du célèbre magasin voisin de l’hôtel de Ville avec la marque asiatique. Cette dernière, symbole de l’ultra-fast fashion et des objets discounts en général, doit ouvrir son corner ce mercredi 6 novembre à 13 heures.
Shein attendu au parlement et menacé d’interdiction au marché français
«Le principe même de notre partenariat est clair : seuls les vêtements et articles conçus et produits directement par SHEIN pour le BHV seront vendus en magasin», a-t-il balayé, alors que cette décision n’en finit pas de susciter la colère chez les autres marques accueillies au BHV, magasin de plusieurs étages caractérisé par l’accueil de dizaines de références de vêtements, mercerie, bricolage, librairie ou d’épicerie. Au point que Disneyland Paris a décidé de renoncer à son partenariat pour Noël. «Aucun produit issu de la marketplace internationale de SHEIN n’est concerné, poursuit pourtant Frédéric Merlin. Tous les articles proposés au BHV respectent des exigences strictes en matière de qualité, de traçabilité, de provenance et de conformité aux normes françaises et européennes.»
La présence de ces poupées à la vente avait valu un signalement de la plateforme à la justice, avait indiqué samedi la répression des fraudes (le Parisien a d’ailleurs révélé qu’AliExpress, Temu et Wish avaient également été signalées à la justice pour les mêmes faits). Lundi, le ministre de l’Economie Roland Lescure a menacé Shein d’interdiction d’accès au marché français.
Le géant de l’e-commerce devra également en passer par un passage à l’Assemblée nationale. Le même jour, le député LR Antoine Vermorel-Marques, rapporteur d’une mission d’information sur les contrôles des produits importés en France, a annoncé leur convocation «sous quinze jours». L’audition, a-t-il écrit dans un communiqué, «doit permettre d’obtenir des réponses précises sur la transparence des chaînes d’approvisionnement de SHEIN, ses procédures de contrôle interne et les mesures correctrices mises en œuvre à la suite de cet incident particulièrement grave».