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Libération
Greenwashing

Pour Barbara Pompili, Total lambine à passer au vert

La ministre de la Transition écologique a estimé que malgré ses promesses, le géant français de l’énergie est encore trop timoré dans ses efforts en faveur de l’environnement.
Réunis en assemblée générale ce vendredi, 91% des actionnaires de Total ont voté pour la stratégie climat du géant... pétrolier, (Stéphane Mahe/Reuters)
publié le 28 mai 2021 à 16h00
(mis à jour le 28 mai 2021 à 16h00)

Interrogée quelques heures avant l’assemblée générale qui devrait consacrer, ce vendredi, la nouvelle stratégie de Total pour verdir son image, Barbara Pompili a émis de critiques sur ce tournant. «Je pense que cela ne va pas assez vite, tout simplement parce que le monde avance vite. Si on ne va pas plus vite, on va se mettre en difficulté. L’ONU a annoncé hier que la hausse [des températures] de 1,5 degré, qui était le plancher de l’accord de Paris, va être atteinte d’ici 2025», a regretté la ministre de la Transition écologique sur BFM Business. Avant de rappeler : «L’Agence internationale de l’énergie […] dit qu’à partir de cette année, il faut arrêter les investissements dans ces deux énergies [le gaz et le pétrole]».

Barbara Pompili a toutefois reconnu que le virage opéré par Total était «plutôt important». «On a une vraie baisse des émissions qui peut être engagée, on a des investissements forts dans les renouvelables», qui lui semblent être insuffisants puisque «des actionnaires et des salariés trouvent qu’on n’y est pas», a-t-elle souligné.

Neutralité carbone pour 2050

Des arguments qui semblent avoir été partagés par les actionnaires de Total. En début d’après-midi, ils ont en effet approuvé à 91 % la stratégie climat du géant pétrolier, a annoncé le PDG du groupe, Patrick Pouyanné. Ils ont également validé à la quasi-unanimité le changement du nom de l’entreprise en TotalEnergies, pour marquer sa diversification au-delà des hydrocarbures.

Cette assemblée générale au sein de Total s’est concentrée sur la nouvelle ambition climat du groupe qui souhaite la neutralité carbone à l’horizon 2050. La coalition Climate Action 100 + estime que le déclin de la production d’hydrocarbures «doit commencer avant 2030, en particulier pour le pétrole». Encore très associé au pétrole, Total veut ainsi montrer qu’il est aussi très présent dans le gaz et davantage dans l’électricité et les renouvelables, qui doivent représenter 20 % des investissements cette année.

Avant le vote, plusieurs investisseurs avaient pourtant annoncé qu’ils s’opposeraient à la résolution de la direction. Parmi lesquels, la société de gestion Meeschaert AM en faveur de «l’arrêt de l’exploration de nouveaux gisements pétroliers et gaziers», rapporte l’Agence-France Presse. Mais également, le fonds néerlandais Actiam pour qui «la stratégie (de Total) n’est pas à la hauteur : le moyen d’atteindre ses objectifs reste flou au vu des rythmes actuels de production et d’investissement dans les énergies fossiles, toujours significativement supérieurs à ceux dans les renouvelables».

Les ONG espéraient 15 % de votes négatifs, afin de marquer une victoire symbolique. L’ONG Reclaim Finance dénombrait sept actionnaires prévoyant de voter contre la résolution climat. Pour les ONG Greenpeace et Reclaim Finance, cette assemblée générale est «une stratégie de diversion» et une «énième tentative de Total pour contrer une possible résolution d’actionnaires sur le climat».