Bonne nouvelle pour les abonnés au «tarif bleu», la baisse des prix de l’électricité sera finalement un peu plus importante qu’attendue. Les 20 millions de ménages qui ont choisi le tarif réglementé d’EDF (environ 60 % des 34 millions de foyers français) et les 4 millions qui ont un contrat indexé sur ce tarif chez un autre fournisseur (10 % des foyers), vont voir leur facture diminuer de 15 % au 1er février, a annoncé ce jeudi 16 janvier la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Une première depuis 2015, les tarifs ayant même flambé de 45 % depuis 2022 et le début de la guerre en Ukraine qui a entraîné une forte hausse des prix du gaz et de l’électricité sur le marché européen. Cette baisse de 15 % interviendra malgré le relèvement d’une taxe gouvernementale et la hausse des coûts d’acheminement et de distribution de l’électricité, comme l’avaient promis successivement les gouvernements Barnier et Bayrou (même si Bercy, en quête d’économies et de recettes, était initialement tenté de ne pas la répercuter intégralement pour récupérer 3 milliards d’euros).
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Les tarifs réglementés de vente d’électricité «baissent parce que la part énergie [de la facture] baisse très fortement», a précisé la présidente de la commission, Emmanuelle Wargon. La CRE a donc officialisé le niveau exact de cette baisse jusqu’ici attendue à -14 %, après deux années de fortes hausses sur fond de crise énergétique. Cette décision réglementaire acte enfin le retournement des prix de gros à l’œuvre depuis deux ans sur le marché de l’électricité : le prix «spot» du MWh qui s’était envolé à plus de 700 euros à l’été 2022 était retombé à moins de 140 euros ce jeudi 16 janvier.
Concrètement, la CRE a calculé les économies à attendre pour des foyers aux tarifs réglementés utilisant classiquement l’électricité pour la cuisson, l’eau chaude et le chauffage. Elles sont conséquentes : la baisse s’élèverait à 651 euros par an pour une famille de quatre personnes en maison ; 389 euros pour un foyer de trois personnes en appartement ; 107 euros pour un foyer de deux personnes. En revanche, pour les 10 millions de particuliers qui ont choisi une offre de marché proposée par un concurrent d’EDF, ne dépendent pas des tarifs réglementés et sont abonnés à des offres de marchés, la variation dépendra de leurs fournisseurs, libres de répercuter ou pas ces hausses, en jouant sur leurs marges, qui ne devraient pas tarder à se positionner sur leurs nouveaux tarifs.
Gare à la remontée des tarifs en 2026
Comme l’espéraient les associations de consommateurs, cette baisse de 15 % sur les tarifs réglementés fera plus que compenser les deux hausses de taxes appliquées au 1er février, actant la fin du «bouclier tarifaire» mis en place durant la crise énergétique. Même si elle aurait pu être plus importante si ce dernier avait été en partie maintenu pour tenir compte des difficultés des millions de foyers précarisés par l’inflation énergétique qui ont encore du mal à se chauffer cet hiver. La taxe sur l’électricité, abaissée à son minimum (1 euro par MWh) pendant la crise, remontera à son niveau initial, relevé de l’inflation, soit 33,70 euros par MWh pour les particuliers contre 22 euros actuellement. Et le tarif de transport et de distribution, un péage payé par les fournisseurs et répercuté aux consommateurs, augmentera lui de 7,7 %.
Décryptage
Au bout du compte, ce coup de pouce énergétique au pouvoir d’achat des ménages, alors que les prix du gaz tardent de leur côté à baisser, pourrait être de courte durée. Les spécialistes s’attendent à une nouvelle remontée des tarifs de l’électricité en 2026 avec la fin de l’accès régulé à l’énergie nucléaire historique qui permet aujourd’hui aux concurrents d’EDF de se fournir en électricité à un prix très compétitif : de 42 euros le MWh, le prix de revente devrait grimper à 70 euros et pourrait devenir la norme, faisant mécaniquement réaugmenter la facture des Français, qu’ils aient choisi une offre réglementée chez EDF, indexée ou à prix fixe chez l’un de ses concurrents.
Mis à jour à 12h30 avec de plus amples informations de notre journaliste.