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Décryptage

«Produire plus vite et moins cher», «réquisitions» : petit précis d’«économie de guerre» à la française

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C’est le nouveau mantra d’Emmanuel Macron et de son ministre des Armées, Sébastien Lecornu, pour aider l’Ukraine face à l’agression russe et rééquiper nos armées. Mais la France est-elle vraiment en «économie de guerre» et qu’en est-il des «réquisitions» visant les industriels qui tardent à livrer armes et munitions ?
Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et Emmanuel Macron à la base navale de Cherbourg le 19 janvier 2024. (Christophe Petit Tesson/AFP)
publié le 4 avril 2024 à 8h36

«La France a un rendez-vous avec son industrie de défense, une industrie en mode économie de guerre» : cette proclamation martiale, que l’on pourrait attribuer au Georges Clemenceau de 1916 en pleine bataille de la Somme, on la doit à Emmanuel Macron. Et elle date du 19 janvier dernier. Ce jour-là, lors de ses traditionnels vœux aux armées, prononcés sur la base navale de Cherbourg dans la Manche, le chef de l’Etat a voulu clairement signifier que pour lui le «réarmement» n’était pas qu’une métaphore, mais un ordre de mobilisation des poids lourds français de l’armement, comme Nexter, MBDA ou Thales. Ces derniers se voient aujourd’hui sommés de produire plus et plus vite pour livrer sans délais des milliers d’obus et des centaines de canons et missiles à l’Ukraine. Mais aussi à l’armée française, peu préparée à la perspective d’une guerre à «haute intensité» ravivée par l’invasion russe.

Dans les rangs des généraux étoilés et des PDG de groupes d’armement, on a senti passer le vent du boulet, Macron fustigeant une «forme d’engourdissement» des industriels du secteur, accusés de ne pas être assez «concentrés sur les enjeux de production et d’approvisionnement». Pis, de «se satisfaire de délais de production qui s’étalent sur plusieurs années»… Depuis, c’est le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, qui a pris le relais de la foudre jupitérienne pour mettre la pression sur nos marchands de canons tricolores. Dernière menace en date du