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Dégradations

Quelles mesures sont prévues pour aider les commerçants après les violences ?

Mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterredossier
Le ministre de l’Economie a confirmé ce matin un accord avec les assureurs pour baisser les franchises, rallonger le délai de déclaration de sinistre et assurer une indemnisation rapide. Il a aussi évoqué la possibilité d’un report des charges sociales pour les petits commerçants.
A Marseille, ce dimanche 2 juillet. (Patrick Gherdoussi/Libération)
par Louis Vial
publié le 3 juillet 2023 à 18h49

Depuis mardi et le début des violences après la mort de Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier, des centaines de commerces ont été dégradés. «Cela concerne tout le territoire», et notamment 250 débits de tabac, 250 agences bancaires, 200 magasins de grande distribution, d’Aldi à Monoprix, de restauration rapide, et nombre de petits commerces de mode, d’articles de sport, d’après Bruno Le Maire.

En déplacement dans l’Essonne ce 4 juillet, le ministre de l’Economie a confirmé un accord avec les assureurs pour aider les commerçants. «À la demande du gouvernement les assureurs ont accepté de déplacer de 5 jours à 30 jours la déclaration de sinistre […] de considérer des réductions de franchises pour les commerçants indépendants les plus touchés […] enfin ils se sont engagés à avoir une indemnisation la plus rapide possible». Des mesures qui avaient été évoquées par Bruno Le Maire, ce samedi 1er juillet à Bercy, après avoir reçu des représentants des commerçants, hôteliers-restaurateurs, assureurs et banquiers.

Des cellules de crise mises en place dans chaque département

L’organisation professionnelle France Assureurs a assuré samedi 1er juillet à l’AFP que ses membres étaient «tous mobilisés» pour aider les victimes des heurts. «Accélérer l’indemnisation est particulièrement crucial pour permettre aux professionnels dont l’outil de travail a été dégradé voire détruit, de redémarrer rapidement leur activité», a souligné l’organisation professionnelle, qui compte 252 membres représentant plus de 99 % du marché, selon son site. Elle demande aux sinistrés de contacter «le plus vite possible» leurs assureurs «par tout moyen de communication».

Bruno Le Maire a également confirmé réfléchir à une solution pour «étaler, voire retarder le paiement des charges sociales et fiscales […] pour les commerçants les plus touchés nous pourrions considérer des annulations». Les décisions se feront «au cas par cas» précise ce dernier.

Le ministre de l’Economie a aussi demandé aux banques «la plus grande compréhension en termes de traitement des échéances» des commerçants et entrepreneurs concernés par des dégradations. Le report des charges sociales et fiscales a aussi été annoncé. Des cellules de crise ont été réactivées dans chaque département. «Nous voulons apporter des réponses rapides et fortes», a ajouté le ministre, en relevant que «90 à 95 % des commerçants sont couverts par des assurances sinistres et dégâts».

Des fonds locaux d’aide d’urgence

En plus des promesses du gouvernement, les commerçants sont aussi soutenus plus localement. La région Grand Est a annoncé vouloir débloquer un fonds d’aide d’urgence de dix millions d’euros pour réparer les dégradations commises lors des émeutes. Cinq millions d’euros sont destinés à reconstruire les services publics endommagés et cinq millions supplémentaires doivent parvenir aux TPE (très petites entreprises) et commerçants. La mesure sera présentée au vote vendredi des élus régionaux. La région Paca prévoit de son côté une aide de 10 000 euros par commerçants, «sans critère, versée sous quinze jours». A Marseille, ville particulièrement touchée par les violences urbaines lors des soirées du 30 juin et 1er juillet, le maire, Benoît Payan, a annoncé débloquer deux millions d’euros d’aide pour les commerçants.

Du côté des organisations patronales et du secteur, les annonces des ministres ont été accueillies de manière nuancée. Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du commerce, expliquait lundi 3 juillet sur BFM Business que «ça ne suffira pas, […] il faudra aller plus loin en allant chercher une indemnisation de la part de l’Etat.» Il demande «un fonds d’indemnisation pour que ces commerçants n’aient rien à payer leur poche». Pour Bernard Cohen-Hadad, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises en Ile-de-France, «il faut que cette considération se concrétise dans la durée car ce sont des dossiers qui prennent du temps, six mois à un an». Le coût total des violences qui ont lieu après la mort du jeune homme n’a pas encore été chiffré.