Face au spectre d’un énième durcissement de l’assurance chômage, les syndicats se rebiffent une nouvelle fois. Invité au 20 Heures de TF1 mercredi 27 mars, le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé souhaiter une «vraie réforme globale, plus globale» de l’assurance chômage cette année. Il assure avoir demandé à la «ministre du Travail de préparer de nouvelles négociations». Plusieurs pistes sont sur la table. La première serait de réduire la durée d’indemnisation «de plusieurs mois». D’autres penchent plutôt sur le temps minimal de travail pour bénéficier du chômage – aujourd’hui six mois au cours des deux dernières années – et le «niveau d’indemnisation du chômage».
1/2 le gvt tape sur les pauvres, les précaires en annonçant une réouverture des négos ass chômage sous contrainte :
— gravouil (@DenisGravouil) March 27, 2024
Durcissement du seuil, Réduction d’1/3 de la durée ( soit baisse de moitié au total ) , Dégressivité, 2 ans de recul pour les seniors #Stop @lacgtcommunique
«C’est inacceptable dans la méthode et dans le fond, la seule chose annoncée par Gabriel Attal ce soir, c’est encore taper sur les précaires ou les chômeurs», s’est aussitôt insurgé Denis Gravouil négociateur pour la CGT dans les négociations sur l’assurance chômage. «Il y avait déjà eu des baisses de droits pour les seniors dans la dernière réforme chômage et il faudrait encore y rajouter des baisses de droits pour les précaires, des dégressivités, des durées d’indemnisations plus courtes pour tout le monde», a-t-il encore dénoncé.
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La CFDT, réputée plus réformiste, montre aussi de grandes réserves : «Attention, le régime d’assurance chômage ne peut pas être une variable d’ajustement budgétaire de l’Etat !» a prévenu Marylise Léon, numéro 1 du syndicat. «Une nouvelle réforme est annoncée, cela ne nous empêchera pas de terminer la négociation en cours et de respecter nos engagements, la CFDT continuera de pousser des revendications pour que les efforts soient équitablement répartis», a-t-elle assuré dans un message transmis à la presse.
«Braver la réalité sans aucun état d’âme»
On s’alarme aussi du côté des cadres. «Je suis médusé par le ton, par le cynisme absolu de ce discours qui méconnaît ce que c’est la situation d’un chômeur : on va lui imposer des mesures de rétorsion comme s’il était responsable en partie ou en totalité de sa situation. C’est faux», a pour sa part déploré François Hommeril, président de la CFE-CGC. Pour lui, l’annonce du Premier ministre n’est rien d’autre que «la caractérisation de ce qu’est un discours populiste, c’est-à-dire méconnaître les faits, braver la réalité sans aucun état d’âme».
«Rendre plus difficile l’accès au chômage ou baisser l’indemnisation, c’est quelque chose qui ne fonctionne pas, ça n’a jamais fonctionné», a pointé le leader de la CFTC, Cyril Chabanier. Tandis que son homologue de Force ouvrière, Michel Beaugas, n’y voit qu’une «belle fable […] selon laquelle c’est l’assurance chômage qui empêche les employeurs d’embaucher.»