En politique, la réindustrialisation est à la mode. C’est même devenu un accessoire incontournable, que l’on pare de toutes les vertus. Compétitivité, transition écologique, souveraineté économique : c’est la triple mission que le gouvernement assigne à sa loi pour l’industrie verte, définitivement adoptée par le Parlement le 11 octobre. «La réindustrialisation est un enjeu de souveraineté, et un levier en soi de décarbonation de l’économie», défend-on alors à Bercy devant la presse. Le plan de relance mis en place en 2020, prolongé par les investissements de «France 2030», annoncé un an plus tard, doit ainsi dessiner les contours de la réindustrialisation, «mère de toutes les batailles», selon les mots d’Emmanuel Macron en mai. Mais derrière les discours, que se passe-t-il vraiment ?
Le retour en grâce de l’imaginaire industriel en France n’est pas complètement récent. Après quarante ans de baisse continue des emplois dans le secteur, «les premiers signaux faibles en faveur de l’industrie apparaissent dans les années 2010», note François Bost, professeur de géographie économique et industrielle à l’université de Reims-Champagne-Ardenne. Le gouvernement de François Hollande qui a déclaré la guerre au chômage est confronté à une série de délocalisations et de fermetures d’usines. Le fugace ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg est alors à l’origine de la fameuse «loi Florange» de 2014, supposée imposer aux patrons de grosses en