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Libération
Statu quo

Gouvernement Attal : à Bercy, Le Maire fait l’économie du changement

Au ministère de l’Economie et des Finances, presque rien ne bouge avec 3 ministres délégués déjà à Bercy sous le précédent gouvernement. Une secrétaire d’Etat chargée du Numérique, Marina Ferrari, arrive. C’est Roland Lescure qui prendra en charge le portefeuille de l’Energie, en plus de l’Industrie.
Roland Lescure et Bruno Le Maire à Blagnac en juillet 2023. (Martin bertrand/Hans Lucas via AFP)
publié le 8 février 2024 à 20h38

A Bercy, on prend presque les mêmes et on recommence. Dans son fief, Bruno Le Maire, 54 ans, demandait la stabilité, son vœu a été exaucé. Il se retrouve encadré par trois ministres délégués qu’il avait déjà dans le gouvernement Borne et une nouvelle secrétaire d’Etat. Deux hommes et deux femmes, la parité commençant à franchir les grilles du ministère de l’Economie et des Finances. Thomas Cazenave, 45 ans, est reconduit aux Comptes publics. Roland Lescure, 57 ans, garde l’Industrie et hérite, c’est une nouveauté, de l’Energie. Olivia Grégoire, 45 ans, poursuit aux Entreprises et au Tourisme, la Consommation en plus. Quant à Marina Ferrari, 50 ans, issue du Modem, elle s’occupera du Numérique, en tant que secrétaire d’Etat.

Depuis le 11 janvier et le dernier remaniement, Bruno Le Maire était bien seul au sixième étage de l’hôtel des ministres. Il a alors été confirmé au poste qu’il occupe sans discontinuer depuis 2017 et a vu son périmètre élargi. Incongruité, le titre du «ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique» n’a pas été rallongé. Il a lui-même annoncé dans la presse récupérer sous sa tutelle le portefeuille de l’Energie, qui était auparavant un ministère de plein exercice occupé par Agnès Pannier-Runacher. Cette promotion sera confirmée une dizaine de jours plus tard dans le décret d’attribution, qui lui donne aussi autorité sur la Direction générale de l’énergie et du climat, conjointement avec le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires pour certains sujets - un retour quinze ans en arrière qui n’a pas manqué d’inquiéter les défenseurs du climat, Bercy, et Bruno Le Maire, en particulier n’ayant jamais de grandes ambitions sur ce sujet. «Ce n’est pas parce que l’Energie est à Bercy que nous allons reculer sur la transition climatique», a-t-il dû d’ailleurs rassurer, en visitant… une centrale nucléaire à la mi-janvier.

12 milliards d’économies

C’est désormais Roland Lescure, réélu député de la circonscription Amérique du Nord en 2022 pour un deuxième mandat, qui pilotera le dossier. Le programme de l’année est chargé, à commencer par le chaotique avant-projet de loi relatif à la souveraineté énergétique, la situation financière d’EDF, le dossier Hinkley Point, et le financement encore incertain des nouveaux EPR voulus par Macron, les prix de l’énergie, ou encore le grand retard français à rattraper dans le développement des énergies renouvelables. Côté industrie, Gabriel Attal l’a annoncée dans sa déclaration de politique générale, il y aura une deuxième loi industrie verte, alors que la précédente a été promulguée il y a seulement trois mois.

Thomas Cazenave, qui avait succédé à l’été à Gabriel Attal aux Comptes publics, aura aussi un poste exposé. C’était anticipé depuis des mois, et ça se confirme : le taux de croissance prévu par Bercy pour 2024 (+1,4 %) étant largement surestimé vu la conjoncture, des économies supplémentaires et substantielles seront à trouver dès cette année afin de rester dans les clous de la trajectoire de rétablissement des finances publiques. Pour 2025, il faudra encore trouver au minimum 12 milliards d’euros d’économies. L’exercice rituel de la préparation du projet de loi de finances pour l’an prochain va tourner au casse-tête, d’autant que l’exécutif continue de piocher dans la caisse (400 millions d’euros annoncés en mesures d’urgence pour les agriculteurs, 2 milliards d’euros promis aux classes moyennes en baisse d’impôts…). Pour lui donner des idées, Thomas Cazenave réceptionnera les différentes revues générales de dépenses publiques commandées dès l’automne. Une fois les coupes identifiées, encore faudra-t-il parvenir à les passer.