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Covid-19

400 000 nouveaux travailleurs éligibles à des créneaux de vaccination prioritaires

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Après les enseignants et les policiers, d’autres professionnels de «deuxième ligne» comme les caissiers, éboueurs ou conducteurs de bus vont pouvoir bénéficier de facilités de prise de rendez-vous pour se faire vacciner à l’AstraZenaca, a annoncé le ministère du Travail, ce mardi. La CGT dénonce une «usine à gaz».
Parmi les métiers qui pourront bénéficier de créneaux prioritaires pour la vaccination dès samedi, on retrouve notamment les éboueurs. (Gonzalo Fuentes/Reuters)
publié le 20 avril 2021 à 21h11

Dès samedi, près de 400 000 travailleurs des métiers de «deuxième ligne» de plus de 55 ans disposeront d’un accès prioritaire à la vaccination contre le Covid-19. Qu’ils soient salariés, travailleurs indépendants, chefs d’entreprise ou intérimaires, ces derniers bénéficieront de créneaux réservés pendant deux semaines, a annoncé mardi le ministère du Travail, à l’issue d’une réunion de concertation avec les partenaires sociaux. Parmi la vingtaine de métiers concernés figurent les caissiers, éboueurs, conducteurs de bus, agents de sécurité, agents d’entretien ou encore les chauffeurs routiers et les professionnels des pompes funèbres. Ceux du BTP en revanche ne sont pas dans la liste.

Depuis le 12 avril, toutes les personnes de plus de 55 ans peuvent recevoir une dose de vaccin. Reste à obtenir un créneau. Le gouvernement avait déjà facilité en fin de semaine dernière la prise de rendez-vous pour 400 000 travailleurs exerçant leur mission au contact du public, dont les enseignants, les professionnels de la petite enfance ou encore les forces de l’ordre. Avec cette deuxième liste, l’exécutif double donc le nombre de professionnels prioritaires.

Interaction avec un public et un fort taux de présence sur site

Pour aboutir à cette nouvelle sélection, le ministère s’est appuyé sur la liste des métiers de «deuxième ligne» identifiés dans le rapport de Sophie Moreau-Follenfant, dirigeante du gestionnaire du réseau à haute tension RTE, et Christine Erhel, économiste (Cnam). Ce rapport remis en mars à la ministre du Travail se base sur deux critères pour définir quels professionnels ont particulièrement été exposés dans le cadre de la crise sanitaire : une interaction avec un public et un fort taux de présence sur site pendant le premier confinement. Sur cette base, afin de définir le périmètre des personnes éligibles aux créneaux de vaccination dédiés, trois critères supplémentaires non cumulatifs ont été ajoutés par le ministère : l’exercice du travail doit se faire en lieu clos, l’emploi doit présenter des difficultés opérationnelles pour respecter les gestes barrières et le métier doit être identifié comme davantage «à risques» par l’institut Pasteur. En fin de compte, sur les 4,6 millions de travailleurs de la deuxième ligne – sans limite d’âge – comptabilisés dans le rapport, seuls 400 000 sont donc considérés par le ministère comme prioritaires.

Concernant les modalités pratiques pour recevoir leur dose, les personnes éligibles devront se rendre dans l’un des centres de vaccination désigné par l’Agence régionale de santé (ARS). Il leur faudra alors se munir d’une attestation sur l’honneur ou d’un bulletin de salaire justifiant leur appartenance à un des métiers éligibles. Les modalités de réservation doivent encore être précisées. Quant au type de dose reçue, comme pour l’ensemble des personnes de 55 à 59 ans, il s’agira de celui du laboratoire AstraZeneca.

Accès aux centres de vaccination.

«Cette décision va enfin permettre à ces salariés de travailler avec sérénité et sécurité», s’est félicité Cyril Chabanier (CFTC) interrogé par l’AFP. Même si le syndicaliste regrette toutefois que certains salariés de moins de 55 ans particulièrement exposés ne puissent bénéficier de créneau. Du côté de la CGT, on fustige en revanche une «usine à gaz». «Mettre une limite d’âge est une manière de masquer l’insuffisance d’approvisionnement du vaccin et l’échec du gouvernement sur cette campagne de vaccination», estime la secrétaire confédérale de la CGT, Catherine Perret. Et de pointer notamment le secteur de l’enseignement public dans lequel la part des plus de 55 ans représente moins de 15 % des effectifs à l’école primaire selon les chiffres du syndicat unitaire d’instituteurs et professeurs, SnuIPP-FSU.

Autre limite pointée par la CGT : l’accès aux centres de vaccination. «Pour recevoir une première dose de vaccin, de nombreux volontaires de plus de 55 ans vivant dans des déserts médicaux sont obligés de faire des kilomètres et se rendre dans un autre département», poursuit Catherine Perret. Mais loin de la cohue, bien au contraire, partout en France, des centres de vaccinations, sont restés peu fréquentés ces derniers jours, voire ont dû fermer, comme celui de Nice. Le gouvernement qui visait 400 000 premières injections pour la première vague de vaccination de travailleurs prioritaires à partir du week-end dernier, est encore loin du compte. Seulement 228 000 personnes en ont reçu une, dont une minorité des professionnels visés. En cause, «le climat de confusion et de défiance vis-à-vis d’AstraZeneca», note la déléguée syndicale pour qui cette campagne de vaccination est une «aberration».