«Une rafle.» La colère ne s’apaise pas, deux jours après des opérations simultanées qui ont visé des livreurs Uber Eats mercredi 27 décembre à Grenoble, Voiron et Vienne. Selon la police nationale, des ressortissants algériens, burkinabés, guinéens ou tunisiens ont été interpellés. Une dizaine de livreurs sans papiers ont été sommés de quitter le territoire lors de cette opération de contrôle. Placés en garde à vue à Grenoble et à Lyon, ils ont été relâchés après s’être vus notifier des obligations de quitter le territoire français (OQTF) et des interdictions de retour sur le territoire (IRTF), a déclaré Mohamed Fofana, responsable CGT des livreurs dans l’Isère lors d’un point presse vendredi 29 décembre à Grenoble.
Témoignages
«Nous dénonçons cette opération de police […] dans une période de fêtes où les associations de défense des migrants et beaucoup d’avocats sont en congé et les recours compliqués», a-t-il lancé. «Nous sommes des travailleurs, pas des délinquants», a ajouté le syndicaliste, rappelant que beaucoup de livreurs travaillent dans des conditions précaires et pour des «rémunérations scandaleusement basses».
«La place Victor Hugo (à Grenoble) a été complètement fermée par des camions de police. C’était une nasse. Cela s’appelle une rafle quand cela vise une catégorie particulière de personnes», s’est indigné de son côté un responsable de l’Union locale de la CGT, Alain Lavi.
«On refuse de régulariser des travailleurs dont l’économie a besoin»
Plusieurs des livreurs interpellés ont témoigné de leur incompréhension et de leur «peur». «Nous nous sentons persécutés, nous ne sommes pas en sécurité», a déclaré l’un d’eux sous couvert d’anonymat. Leurs vélos, leurs «outils de travail», ont été saisis, ont-ils déploré.
Quelle indignité.
— Éric Piolle (@EricPiolle) December 28, 2023
Hier soir à Grenoble, un contrôle de Police massif des livreurs à vélo a conduit à plusieurs arrestations pour séjours irréguliers.@GDarmanin, ces personnes seraient donc suffisamment "régulières" pour attendre dans le froid de vous livrer vos repas, mais pas… pic.twitter.com/RgSQSeRcLy
La mairie et la métropole de Grenoble leur ont apporté leur soutien. C’est «une honte pour la République de mépriser ainsi nos institutions», a estimé l’adjoint au maire de Grenoble Pierre Mériaux lors du point presse. «Ce qui est insupportable, c’est qu’on refuse de régulariser des travailleurs dont l’économie a besoin», a-t-il ajouté. Selon lui, la Ville va mettre un local à disposition des livreurs à vélo pour se reposer et améliorer leur accès au droit. Le maire écologiste Eric Piolle avait déjà dénoncé une «indignité», dans un message publié jeudi soir sur le réseau X (ex-Twitter).
Le procureur de Grenoble Eric Vaillant lui a répondu sur le même réseau que les contrôles avaient été faits à sa demande et avaient «permis de constater que les livreurs en situation irrégulière étaient gravement exploités par ceux qui leur sous-louaient leur licence». La préfecture de l’Isère a pour sa part souligné être garante «de l’application des lois de la République».