Menu
Libération
Alerte

A la quasi-unanimité, patronat et syndicats demandent «stabilité, visibilité et sérénité»

Quatre des cinq principaux syndicats, à l’exclusion de la CGT, signent un communiqué avec le Medef, la CPME et l’U2P pour alerter sur le contexte économique et promouvoir «la voie du paritarisme».
Lors d'une manifestation des agents de la fonction publique, à Paris le 5 décembre 2024. (Bastien Ohier/Hans Lucas.AFP)
publié le 18 décembre 2024 à 14h21

Ils sont venus, ils sont presque tous là. Sept organisations patronales et syndicales sur les huit représentatives au niveau national ont signé mardi 17 décembre un communiqué commun appelant au retour de «la stabilité, la visibilité et la sérénité», au moment où le nouveau Premier ministre, François Bayrou, constitue son gouvernement, et que les indicateurs sur l’activité économique sont de plus en plus inquiétants.

Très rare par son unité, ce communiqué est signé – dans l’ordre alphabétique des dirigeants, qui entremêle ainsi représentants du patronat et des syndicats – par le Medef, la CPME, l’U2P côté patronat, la CFDT, FO, la CFTC et CFE-CGC côté syndicats. Seule la CGT ne l’a pas signé. Pour sa numéro 1, Sophie Binet, «ce texte pose problème car il fait reposer sur l’instabilité politique la responsabilité de la crise économique et des licenciements». Or, ceux-ci «sont le résultat du naufrage de la politique de l’offre et de l’irresponsabilité des grands groupes et du patronat», poursuit la leader dans un message transmis à l’AFP. «Le texte occulte le fait que la stabilité politique passe par la réponse aux exigences sociales.»

«Conséquences sociales dramatiques»

Intitulé «à l’attention de nos élus et responsables politiques», et marqué des logos de toutes les organisations signataires, le communiqué prend acte que «l’instabilité dans laquelle a basculé notre pays fait peser sur nous le risque d’une crise économique aux conséquences sociales dramatiques». «D’ores et déjà, ajoutent les signataires, des projets d’investissements sont gelés, les intentions d’embauches sont révisées, les défaillances d’entreprises de toutes tailles se multiplient au point d’atteindre un niveau inconnu depuis longtemps.» «Il est de notre devoir de vous alerter sur les risques qu’une telle instabilité génère», ajoutent-ils.

La publication du communiqué est concomitante de celle d’une note de l’Insee faisant état de prévisions moroses pour le premier semestre 2025 : +0,2% de croissance pour chacun des deux premiers trimestres.

Les signataires soulignent aussi que «la voie du paritarisme, qui passe par le dialogue, la négociation collective et la construction de compromis, est en capacité d’apporter des réponses concrètes» à cette situation, rappelant en «avoir fait encore récemment la démonstration». Référence aux trois accords conclus mi-novembre sur l’assurance chômage (qui attendent d’être agréés par le gouvernement), l’emploi des seniors (qui doit passer par une transposition législative) et le dialogue social (qui supprime la limite de trois mandats consécutifs pour les représentants syndicaux, mesure qui nécessite aussi une transposition législative).

«Des mutations sans précédent»

«Les acteurs sociaux que nous sommes, écrivent les signataires, sommes déterminés à participer pleinement aux transformations de notre société, confrontés à une situation budgétaire et à des mutations sans précédent, qu’elles soient technologiques, géostratégiques, démographiques ou climatiques.» Et «les interlocuteurs sociaux seront comme toujours au rendez-vous du dialogue et de la responsabilité», concluent-ils.

Si ce communiqué commun est une nouveauté, les différentes organisations tirent séparément depuis plusieurs semaines le signal d’alarme sur les risques économiques et sociaux qu’engendre l’instabilité de la situation politique actuelle.