«Génocide à Gaza, Axa complice». Le slogan fuse, parmi d’autres, devant la salle Pleyel. La salle de spectacle du VIIIe arrondissement de Paris accueille ce jeudi 24 avril l’Assemblée générale annuelle de la compagnie d’assurances française Axa. Dans le cadre de la campagne internationale BDS (pour «Boycott, désinvestissement et sanctions», lancée il y a 20 ans déjà, et dont l’objectif est de dénoncer les investissements étrangers favorisant la colonisation israélienne), une quarantaine de militants pro-palestiniens ont mené une action coup de poing pour dénoncer «les investissements d’Axa d’au moins 150 millions d’euros dans onze entreprises d’armement impliquées dans le génocide israélien à Gaza.»
Prises de court, les forces de l’ordre présentes devant le bâtiment ont d’abord tenté d’empêcher le déploiement d’une banderole «N’assurez pas l’apartheid israélien», avant de finalement laisser faire les militants. Des représentants des syndicats de la CGT 93 et 75, de Solidaires ou encore de l’association Attac étaient présents, tout comme le député de La France insoumise Thomas Portes. «On dénonce les entreprises complices de la colonisation et particulièrement du génocide à Gaza», explique Jérôme Bonnard, secrétaire national de Solidaires.
«Axa protège les femmes, sauf les Palestiniennes» ont également scandé les militants, en référence à une toute récente campagne du groupe, avant de diffuser au mégaphone un enregistrement de bombardements à Gaza. Les activistes ont également placé sur le trottoir des petits mannequins enroulés dans des draps blancs ensanglantés, pour représenter des enfants morts palestiniens, avant de terminer leur action par une minute de silence. Une opération qui aura duré une demi-heure pour se conclure dans le calme.
Un appel au boycott
Au cœur des revendications des militants pro-palestiniens : les investissements de la firme dans des entreprises de défense, dont les armes seraient utilisées à Gaza par l’armée israélienne. «Ces armes incluent le phosphore blanc, l’uranium, des armes nucléaires… Axa viole même sa propre charte éthique, affirme Imen Habib, animatrice de la campagne BDS France. La Cour internationale de justice demande un embargo militaire, et Axa continue comme si de rien n’était. C’est une complicité très grave et c’est un scandale.»
Benoit Martin, secrétaire général de la CGT Paris, était présent pour rappeler que «la CGT soutient la cause palestinienne depuis des décennies» alors qu’Axa «est une entreprise d’assurance qui est très investie dans un certain nombre de placements financiers visant à aider à la colonisation des terres palestiniennes».
A lire aussi
Dans les rangs des manifestants se trouvait également le secrétaire général de l’association Attac, Vincent Gay. Pour lui, cette action consiste en un «name and shame» (nommer et faire honte, ndlr). «Parce que ces entreprises tiennent énormément à leur image publique. Ce n’est pas de la dénonciation gratuite. On veut les faire agir.» «On appelle aussi les consommateurs à boycotter des entreprises en lien avec l’entreprise coloniale israélienne», lance le militant altermondialiste.
Une position rejoint par le député Thomas Portes. «Il est inacceptable pour une entreprise d’investir dans une armée coupable de génocide à Gaza. LFI a rejoint il y a quelques mois la campagne de BDS car nous pensons que le boycott est un des leviers importants pour agir. Le désinvestissement avait été efficace pour lutter contre l’apartheid en Afrique du Sud», rappelle l’élu insoumis de la 3e circonscription de la Seine-Saint-Denis.
L’assureur défend sa position
Un militant qui avait acheté une action pour pouvoir participer à l’Assemblée générale (à une quarantaine d’euros), a pu interroger la direction de l’assureur sur sa politique d’investissement. Antoine Gosset-Grainville, président du conseil d’administration d’Axa, a défendu le groupe en affirmant qu’il ne fallait «pas opposer politique d’investissement responsable et investissement dans le secteur dans la défense».
«Nous nous tenons à l’écart de toutes les armes interdites par les traités internationaux. En revanche nous n’excluons pas de nous engager dans les secteurs qui sont autorisés en ayant à l’esprit que le renforcement de notre outil de défense est nécessaire pour protéger nos libertés. Je peux vous assurer qu’Axa est extrêmement vigilant pour se conformer aux accords en vigueur», a-t-il ajouté.
Contacté par Libération, l’assureur rappelle que «le Groupe AXA mène depuis longtemps une politique d’investissement responsable» et qu’il «contrôle ses investissements pour garantir leur conformité avec les listes de sanctions internationales».
Axa également pris à partie sur l’écologie et les salaires
Cette mobilisation pro-palestinienne n’était pas la seule devant l’assemblée générale d’Axa ce jeudi. Des activistes accusaient le géant de l’assurance de contribuer au réchauffement climatique. «On demande à Axa de tourner définitivement la page des énergies fossiles», a déclaré à l’AFP Perrine Julien, porte-parole du mouvement Action non-violente COP21.
Des formations syndicales, dont le CFDT et FO, attendaient aussi les actionnaires devant la salle Pleyel et distribuaient des tracts demandant des augmentations générales, le versement d’une prime exceptionnelle de 1 000 euros et l’octroi de 40 actions gratuites à chaque salarié.