Sujet sur lequel il y aurait une thèse à écrire, si ce n’est déjà fait : «Transformation et réappropriation des outils de travail dans le cadre des mobilisations sociales.» Mardi 17 septembre matin, dans le hall d’accueil de Paris-Dauphine, prestigieux établissement universitaire installé dans les anciens locaux de l’Otan, dans le XVIe arrondissement de Paris, une trentaine d’agents de propreté chantent : «On est là, on reste là», «Nettoyage, esclavage». L’un des salariés utilise des manches à balai pour frapper un tambour ; d’autres ont retourné une poubelle en plastique pour taper dessus en rythme. Ces balais, ces poubelles sont leur quotidien depuis des années, des décennies même pour certains.
La semaine dernière, d’une quarantaine de salariés chargés de l’entretien des locaux de Dauphine, ils sont soudainement passés à une trentaine. Dix d’entre eux venaient d’être licenciés par leur employeur, OMS Synergie, le prestataire à qui l’université sous-traite le ménage depuis mars 2023. Les intéressés racontent avoir appris la rupture de leur contrat lorsqu’ils se sont présentés aux portes du campus comme chaque jour, pour se voir opposer un refus de la sécurité. «Quand on arrive, on apprend qu’on est licenciés», relate la cheffe d’équipe, Natacha (1), trente-cinq ans d’ancienneté, elle aussi concernée alors qu’elle est représentante CFDT.
Dix personnes virées d’un seul geste pour faute grave, même dans un secteur comme la propreté, connu pour ne pas traite