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Financement

Assurance chômage : l’Unédic revoit ses prévisions financières à la baisse et prévoit un léger déficit en 2025

L’organisme chargé de l’assurance chômage a dégradé ses prévisions à cause d’une conjoncture moins bonne et de l’Etat, qui ponctionne ses comptes pour financer France travail et France compétences.
L'Unédic est une association qui gère le régime d’assurance chômage. (Vincent Loison/1h23)
publié le 20 février 2025 à 10h07

Un léger déficit pour 2025 au lieu de l’excédent espéré et une dette qui ne se résorbe pas : l’Unédic, l’association qui gère le régime d’assurance chômage, a dégradé ses prévisions en raison d’une conjoncture moins bonne et des prélèvements de l’Etat. Dans l’actualisation de ses prévisions financières à l’horizon 2027, publiée mercredi 19 février, l’Unédic dit s’attendre à «un solde» du régime «quasi nul jusqu’en 2026» avec un déficit de 200 millions projeté en 2025 puis un excédent de 200 millions attendu en 2026. Doit suivre un plus fort excédent en 2027 (6,3 milliards d’euros), dans la mesure où les prélèvements de l’Etat sont pour l’heure censés se terminer en 2026. Soit des prévisions en baisse par rapport à celles de l’automne qui tablaient sur des excédents de 1,8 milliard, 3,5 milliards et 9,4 milliards pour ces trois années.

«Nos prévisions financières résultent des éléments conjoncturels, mais aussi de ce que l’Etat a fait […] supporter en dépenses [au système] tout en baissant les recettes», a regretté le président de l’Unédic, Jean-Eudes Tesson (représentant du Medef), lors d’une conférence de presse. Depuis 2019, l’Etat ponctionne le budget de l’Unédic, finançant ainsi France travail et France compétences. Pour 2024, après avoir anticipé en juin des excédents à plus d’un milliard d’euros, l’Unédic a fini l’année à zéro. La conséquence de «la révision des prévisions économiques» et de la «dégradation» surprise des finances publiques, selon Denis Gravouil (CGT).

La dette du régime, elle, devrait atteindre en 2026 son niveau de 2023, soit «59,3 milliards d’euros», conséquence des «prélèvements de l’Etat et de la surcharge [des taux d’intérêts]», rappelle l’Unédic. «Depuis 2023, les prélèvements de l’Etat stoppent le désendettement du régime» à hauteur d’«environ 13 milliards d’euros», rappelle l’organisation.

Côté recettes, l’embellie se fait attendre. Ainsi, la nouvelle convention d’assurance chômage, conclue mi-novembre, et signée par une large majorité des organisations (CFDT, FO, CFTC côté syndical, Medef, CPME et U2P côté patronal), n’apportera pas toutes les économies escomptées (tels que l’arrêt de l’indemnisation des travailleurs transfrontaliers qui coûte à l’organisme quelque 800 millions d’euros annuels). En revanche, la mensualisation des allocations versées aux demandeurs d’emploi dès le 1er avril (soit une allocation identique chaque mois, qui fait perdre cinq à six jours d’indemnisation aux chômeurs sur une année) permettra à l’organisme de faire des économies.

«Rôle d’amortisseur économique et social [soit] fragilisé»

Reste que le contexte économique est toujours morose, marqué par des plans sociaux qui se multiplient dans tous les secteurs. L’Unédic estime pour autant qu’en 2025, les «destructions d’emplois» seront «limitées (-49 000)» et que «les créations d’emploi repartiront lentement en 2026 (+78 000) puis plus significativement en 2027 (+139 000)». La «conjoncture économique est défavorable», reconnait l’Unédic, qui s’inquiète que son «rôle d’amortisseur économique et social [soit] fragilisé» auprès des millions de ménages et d’entreprises confrontés à cette crise.

Les principaux organismes économiques s’attendent à une hausse du chômage cette année. Le taux de chômage «poursuivra sa lente remontée pour atteindre 7,6 % mi-2025», estimait en décembre l’Insee, quand la Banque de France le situait «entre 7,5 % et 8 % en 2025-2026» et l’OFCE à quelque 8 % en fin d’année.