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Le Libé des historiens

Au Moyen Age, la pauvreté comme planche de salut des riches

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Jusqu’au XIIIe siècle, les plus vulnérables sont vus comme des figures christiques, au mode de vie presque désirable, qu’il est utile d’aider pour (re)devenir de parfaits chrétiens.

«Sainte Elisabeth distribue des aumônes au château de Wartburg» de Gustav Heinrich Naeke. (akg-images/akg)
Par
Florian Besson
Publié le 04/10/2023 à 23h01

A l’occasion des «Rendez-vous de l’histoire», qui se tiennent à Blois du 4 au 8 octobre, la rédaction de Libération invite une trentaine d’historiens et historiennes pour porter un autre regard sur l’actualité. Retrouvez ce numéro spécial en kiosque jeudi 5 octobre et tous les articles de cette édition dans ce dossier.

«Pauvreté était privée de son premier mari depuis plus de mille et cent années.» Dans le chant XI du Paradis, Dante fait de la Pauvreté l’épouse du Christ, veuve éplorée depuis la mort de Jésus, qui trouve un second amant en la personne de saint François d’Assise. Son «visage joyeux» éclaire alors les hommes et devient «source de saintes pensées».

Chair malmenée

Faire l’éloge de la pauvreté : voilà une idée qui nous semble au mieux étonnante, au pire dérangeante tant nous sommes convaincus que la pauvreté est peu désirable. Mais, de fait, c’est ainsi qu’on l’imaginait au Moyen Age. Entre le Xe et le XIIIe siècle, les pauvres sont souvent pensés par rapport à la figure christique : ils sont, comme d’autres vulnérables tels les enfants ou les fous, à la fois les préférés du Christ – «heureux les pauvres, à eux le royaume des cieux !» – et des modèles du Christ, revivant dans l’intime de leur