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Avant la journée du 19 janvier, retrouvez les principales déclarations des opposants à la réforme des retraites

De Philippe Martinez à Fabien Roussel en passant par Marine Tondelier, petit tour d’horizon des phrases et autres piques lâchées par les responsables syndicaux et politiques mobilisés contre la réforme des retraites, à l’approche de la journée de mobilisation du 19 janvier.
Les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) ont lancé un appel commun pour une première journée de mobilisation syndicale contre la réforme des retraites jeudi. Une unité d’action inédite depuis 12 ans. (Albert Facelly/Libération)
publié le 17 janvier 2023 à 17h27
(mis à jour le 18 janvier 2023 à 9h11)

La retraite pas avant 64 ans à l’horizon 2030 ? Très peu pour eux. Contestant le fond de la réforme Macron-Borne, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) ont lancé un appel commun pour une première journée de mobilisation syndicale jeudi. Une unité d’action inédite depuis 12 ans, qui touchera aussi bien le secteur privé que le public, et qui est soutenue par tous les partis de gauche. Florilège des déclarations syndicales et politiques pour chauffer les foules.

Philippe Martinez (CGT) souhaite «des millions» de personnes dans la rue

Toujours ambitieux, le numéro un de la première organisation syndicale du pays espère «des millions» de grévistes et de manifestants. Il a renvoyé l’ascenseur en fin de semaine dernière à Elisabeth Borne, l’accusant de «mettre le feu» avec la réforme, jugeant «absolument scandaleux» l’appel à la responsabilité lancé la veille aux syndicats par la Première ministre. «C’est elle qui aurait dû réfléchir avant de lancer cette réforme. C’est elle qui, entre guillemets, «met le feu», c’est pas nous», a-t-il fustigé sur BFMTV et RMC.

Reconnaissant qu’il était impossible de prévoir quelle serait la hauteur de la mobilisation dans le privé, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a toutefois anticipé mercredi sur France 2 qu’il y aurait «dans certains grands groupes, des taux de grévistes qui vont avoisiner les 60, 70%», et souhaité un mouvement reconductible «partout où c’est possible».

Laurent Berger (CFDT) annonce un mouvement de contestation «massif»

Il n’est pas le syndicaliste le plus véhément d’ordinaire. Laurent Berger a pourtant affiché lundi son «accord» avec Philippe Martinez pour que le 19 janvier voie un mouvement de contestation «massif» secouer le pays. «Réussissons le 19, mobilisons massivement le 19, le matin dans certaines villes, l’après-midi dans d’autres, pour qu’il y ait un maximum de gens qui manifestent pacifiquement […], mais en exprimant fermement un mécontentement», a incanté le patron de la centrale réformiste au micron de France Info. Le leader de la CGT espère voir 1 million de Français descendre dans la rue jeudi.

Frédéric Souillot (FO) : «Il y a très longtemps que nous n’avons pas eu une telle mobilisation»

Sur RFI ce mardi, le secrétaire général de FO a assuré que la mobilisation serait «forte, même très forte. C’est toutes les remontées que nous avons». En précisant : «Nous n’y allons pas pour nous compter. Nous y allons pour gagner et faire reculer le gouvernement.» Relancé sur la mobilisation au sein de sa centrale, le syndicaliste a répondu : «Hier nous avons fait le tour de nos 104 unions départementales […]. Il y a très longtemps que nous n’avons pas eu une telle mobilisation.»

François Hommeril (CFE-CGC) «très amer qu’on en arrive à cette situation»

Traditionnellement moins adepte des défilés que les autres centrales, la CFE-CGC est elle aussi en ordre de marche. «Pour la CFE-CGC, dès qu’il y a conflit, il faut considérer que c’est un échec. Je suis très amer qu’on en arrive à cette situation. On aurait pu faire les choses autrement. On a eu des discussions sérieuses avec le gouvernement mais qui ne débouchent pas car le gouvernement est calé sur ce report à 64 ans, qui ne s’impose pas», regrette son président François Hommeril sur BFM. Sur la page du syndicat, ce dernier a repris les mêmes mots que Nathalie Arthaud (ou l’inverse) et décrit une réforme «injuste, injustifiée et brutale».

Laurent Escure (UNSA) : «Partout où je passe ce sujet fait monter les poils chez les gens»

La veille de la présentation du texte de réforme par Elisabeth Borne, le leader de l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) promettait déjà «des actions tous les jours dans les entreprises, les administrations» pour protester contre les mesures inclues dans la réforme. «Le gouvernement ne peut pas jouer les surpris», a répété deux jours plus tard, le 12 janvier, le syndicaliste. Il sent un mouvement social «fort, profond». Et dit avoir pourtant averti l’exécutif au cours des derniers mois : «Partout où je passe ce sujet fait monter les poils chez les gens.»

Didier Mathis (Unsa Ferroviaire) :

Interrogé mercredi matin sur France Info au sujet d’une grève éventuellement reconductible, le secrétaire général de l’Unsa Ferroviaire Didier Mathis indique que «la décision ne sera peut-être pas prise demain [jeudi] soir mais plutôt lundi soir». «Il faut attendre la mobilisation de demain» et «la rencontre entre les différentes organisations syndicales».

Cyril Chabanier (CFTC) : «Nous n’avons pas d’autre choix que de frapper vite et fort»

Dans un entretien accordé au journal l’Humanité dimanche, le représentant de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) Cyril Chabanier, a évoqué un mouvement de contestation nécessaire. «Nous n’avons pas d’autre choix que de frapper vite et fort», assure le syndicaliste. Quelques jours plus tôt, il a raconté sur la chaîne LCP «avoir cru à une coquille» lorsqu’on lui a mis sous les yeux le dispositif de la réforme prévu pour les carrières longues. «On n’y a pas cru. On était tous persuadés qu’on ne pourrait pas aller au-delà de 43 années de cotisations.»

Simon Duteil et Murielle Guilbert (Solidaires) : «L’idée, c’est de gagner, pas de témoigner»

«L’idée, c’est de gagner, pas de témoigner, rappelait à Libé Simon Duteil, porte-parole de Solidaires peu avant qu’Elisabeth Borne ne dévoile les contours de la réforme. Ça ne sert à rien de lancer une grève reconductible pour être épuisés au bout de quatre jours.» Dimanche, questionné avec l’autre co-déléguée de Solidaires Murielle Guilbert par l’Huma sur le sujet, ils ont donné leur propre définition de la réforme qui sera débattue : «C’est mourir au travail ou la retraite à l’hôpital.»

Fabien Roussel prêt à «bloquer le pays»

Invité de France Inter ce mardi, le chef de file du Parti Communiste invite tous «ceux qui craignent pour leurs retraites, tous ceux qui ne veulent pas de cette réforme», à manifester pour «envoyer un message fort au gouvernement et au président de la République». Le secrétaire national du PCF poursuit : «Il faut lui dire que nous ne voulons pas de cette réforme des retraites qui prévoit de nous faire travailler deux à trois ans de plus.» Puis s’insurge : «Mettons-nous tous ensemble, une bonne fois pour toutes, que ce soit fort, rapide, qu’on dise ‘on n’en veut pas’et qu’il remise sa réforme au placard !» Quitte à assumer de «bloquer le pays» si cela permet de «rejeter cette réforme».

Olivier Faure : «La gauche sera dans la rue jeudi, pas sur les bancs du gouvernement»

En plus de dézinguer la réforme, le premier secrétaire du PS n’a pas oublié le nom et le passé de celui qui la porte : le ministre du Travail Olivier Dussopt, ex-compagnon de route d’Olivier Faure au PS avant de rejoindre Emmanuel Macron. «Quand on défend la réforme des retraites de LR, le mieux c’est de le reconnaître… Quand on réussit l’exploit d’avoir 100 % des syndicats et 100 % de la gauche contre soi, on s’assume. La gauche sera dans la rue jeudi, pas sur les bancs du gouvernement», a cinglé le patron du PS, en passe d’être réélu à la tête du parti de gauche.

Jean-Luc Mélenchon : «C’est bien qu’on soit ensemble»

A l’instar de l’ensemble de la gauche, la France insoumise a appelé dans un tweet ses sympathisants à marcher avec les syndicats jeudi. Un message relayé par Jean-Luc Mélenchon. «Je crois que c’est bien qu’on soit ensemble. C’est un atout extraordinaire cette unité syndicale, donc il faut l’encourager de toutes les façons possibles», a dit Mélenchon lundi soir depuis le siège de LFI à Paris. «On se mettra là où (les syndicats) nous laissent de la place», dans le cortège. Lui rejoindra celui des manifestants à Marseille, où il fut député (2017-2022).

Marine Tondelier veut «des moments de fierté, de joie et d’enthousiasme»

«Oui les écologistes seront dans la rue le 19 janvier prochain aux côtés des syndicats. Et oui, il nous faut une convergence des luttes, notamment avec la jeunesse et les mouvements climat», a confirmé vendredi dernier sur Sud Radio la cheffe de file d’EE-LV, «très émue qu’une intersyndicale se soit constituée», ce qui «n’est pas arrivé depuis 2008. C’est que l’heure est grave», a estimé la conseillère municipale d’opposition d’Hénin-Beaumont. Lundi, elle a participé à un événement en ligne animé par le youtubeur Usul et organisé avec Philippe Martinez pour parler de la réforme aux jeunes.

Au cours d’un entretien avec le magazine Têtu, Marine Tondelier a aussi dit qu’il fallait «faire de ces marches des moments de fierté, de joie et d’enthousiasme… Les Françaises et les Français viendront et reviendront manifester s’ils passent un bon moment dans cette période difficile».

Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte Ouvrière : «Mes baskets et ma parka sont prêtes»

L’ex-candidate à la présidentielle n’y est pas allée par quatre chemins lundi sur le plateau de l’émission «Live Toussaint», diffusée sur BFM : «Mes baskets elles sont prêtes, ma parka elle est prête pour jeudi. J’espère qu’on sera très nombreux dans la rue parce que cette réforme elle est brutale, injuste, injustifiable, a notamment dit Nathalie Arthaud. Et quand on nous explique qu’il y a un problème de financement des retraites, je ne suis pas d’accord. Le seul problème de financement, c’est que la bourgeoisie ne veut pas payer, point barre.»

Au NPA, «le sentiment de révolte est extrêmement fort»

«Le sentiment de révolte est extrêmement fort, a cinglé le porte-parole du parti Olivier Besançenot, invité de l’émission C ce soir lundi. Dès qu’il s’agit de légiférer pour de bon, assurance-chômage, retraites, c’est toujours pour les mêmes.» De son côté, Philippe Poutou va s’exprimer ce mardi soir à la Bellevilloise, dans le XXe arrondissement parisien, lors d’un meeting consacré à la réforme. Interviewé par Libé le 7 janvier, l’ancien candidat à la présidentielle parlait d’une bataille des retraites «à préparer», et espérait que l’épisode «redonnerait du souffle» à sa famille politique.

Mise à jour le 18 janvier à 9 h 10 : ajout de déclarations de Philippe Martinez et de Didier Mathis.