Malgré un ralentissement de l’inflation, la précarité continue d’augmenter en France. C’est ce que révèle le 18e baromètre sur ce sujet réalisé par Ipsos pour le Secours populaire. Près de 62 % des Français déclarent avoir connu ou avoir été sur le point de connaître une situation de pauvreté, soit 4 points supplémentaires par rapport à 2023. 40 % assurent avoir déjà traversé une période de grande fragilité financière cette année, le plus haut niveau depuis 2013.
Selon cette étude, un Français se considère comme pauvre quand son revenu est de moins de 1 431 euros par mois en Ile-de-France et de moins de 1 388 euros dans le reste du pays. Ce seuil de pauvreté subjectif moyen, qui permet de mesurer la perception des Français sur le niveau de vie en dessous duquel une personne peut être considérée comme précaire, est donc quasiment équivalent au montant du smic net, fixé à 1 398 euros. C’est environ 200 euros de plus que le seuil de pauvreté établi par l’Insee.
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Ces difficultés financières se traduisent par 16 % des Français déclarant vivre à découvert tout au long de l’année. Seulement un peu moins de la moitié d’entre eux assurent réussir à mettre de l’argent de côté, un budget très serré qui rend difficile pour près d’un répondant sur deux de payer leurs factures d’énergie. Un tiers de Français a également du mal à régler son loyer ou son emprunt immobilier, selon le baromètre.
Des difficultés exacerbées dans le monde rural
Par conséquent, 43 % des sondés disent ne presque pas chauffer leur logement «parfois ou régulièrement» quand il fait froid, 30 % ne parviennent pas à s’alimenter aussi sainement qu’ils le souhaiteraient et un parent sur trois doit parfois se priver pour nourrir ses enfants. C’est aussi 45 % des parents qui déclarent avoir des difficultés à payer les fournitures, la cantine et les vêtements de leur progéniture.
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Ce baromètre met également en avant la marginalisation des habitants des zones rurales. 57 % d’entre eux ne peuvent pas se permettre de partir en vacances, 40 % ne peuvent pas acheter d’équipements numériques en état de fonctionnement, ou encore 44 % jugent difficile l’accès aux services de santé. Un quart ressent aussi une inaccessibilité aux différents services sociaux (assistance aux personnes âgées, à l’enfance, à l’emploi…). Des chiffres supérieurs à la moyenne du pays.
Une situation qui rend pessimistes huit Français sur dix sur le risque que leurs enfants vivent un jour dans la précarité. Emerge malgré tout un point positif du rapport : la solidarité ne faiblit pas dans l’Hexagone, avec deux tiers des sondés assurant s’impliquer personnellement pour aider les personnes en situation de pauvreté. Un quart des Français se déclarent en outre bénévoles dans une association selon l’étude «Les Français et le bénévolat en 2023» de l’Ifop, soit environ 15 millions de personnes de 16 ans ou plus.