Ancien ministre délégué à l’Economie sociale et solidaire et à la Consommation, Benoît Hamon a porté il y a dix ans une loi encadrant l’économie sociale et solidaire (ESS), qui permet notamment aux salariés de constituer une offre de reprise en Scop quand leur entreprise est à vendre. Il prend ce mercredi la tête d’ESS France, une association représentant ce secteur de 2,6 millions de salariés et près de 200 000 entreprises – des Scop, des Scic (Société coopérative d’intérêt collectif), mais aussi des associations. Il dresse le bilan de sa loi et évoque les enjeux à venir pour ce secteur.
Vous prenez cette semaine la tête d’ESS France, avec quelles ambitions ?
Il y a un énorme enjeu de changement d’échelle de l’ESS, pour deux raisons. D’abord, le dérèglement climatique impose un pivot complet de l’économie. Or les modèles non lucratifs ont un bilan très utile pour entraîner l’économie vers des formes de gouvernance qui soient appropriées à une époque où l’entreprise ne peut plus être étanche à l’intérêt général. La deuxième raison, c’est qu’au moment où nous sommes collectivement confrontés à un vrai désenchantement démocratique, l’ESS propose une manière de réenchanter la démocratie par l’économie et par l’entreprise. Jaurès regrettait que la démocratie se soit arrêtée aux portes de l’atelier. Dans l’ESS, la démocratie irrigue les décisions de l’entreprise et permet un partage inédit du pouvoir.
Interview croisée
Vous déplorez que ce secteur n’intéresse pas les gouvernants actuels ?