Pressurisé par LFI et du RN, et sous l’œil vigilant des socialistes qui pourraient le sauver de la censure, le Premier ministre Sébastien Lecornu va mettre sur la table ce mardi 14 octobre dans l’après-midi les grandes lignes de la politique qu’il prévoit. Au cœur de sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale : les orientations pour l’épineux budget 2026. Dans la matinée, Lecornu a dévoilé en Conseil des ministres les axes principaux des projets de loi de finances (PLF) et de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026.
Taxe sur les holdings patrimoniales
Pas de taxe Zucman, mais le projet de budget pour 2026 révélé ce mardi par le gouvernement prévoit l’instauration d’une taxe sur les holdings patrimoniales, parfois utilisées pour contourner l’impôt. «Inspirée de taxes voisines en place dans plusieurs autres pays, comme les États-Unis et l’Irlande, cette taxe vise à faire échec aux stratégies de contournement de l’impôt par la thésaurisation de revenus non distribués dans des sociétés, ces revenus échappant ainsi à l’impôt», précise le dossier.
Les plus aisés mis à contribution…
«Les dépenses de l’Etat baisseront en 2026», hors charge de la dette et augmentation de 6,7 milliards d’euros du budget de la défense, précise le document consulté par l’AFP. Côté recettes, «l’effort en 2026 reposerait en priorité sur un effort supplémentaire des contribuables disposant des moyens les plus importants», à hauteur de 6,5 milliards d’euros, affirme le texte du gouvernement.
Au menu aussi : la prolongation d’un an de la contribution différentielle sur les plus hauts revenus instaurée en 2025, selon un document consulté par l’AFP. Cette contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR), appliquée aux ménages dont les revenus dépassent 250 000 euros pour un célibataire et 500 000 euros pour un couple, fixe un taux minimal d’imposition de 20 %.
… tout comme les grandes entreprises…
L’esquisse de budget prévoit de prolonger d’un an, mais en la réduisant de moitié, la surtaxe sur le bénéfice des grandes entreprises instaurée en 2025, selon un document consulté par l’AFP. Cette contribution, qui concerne les 400 plus grandes entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires d’au moins 1 milliard d’euros en France, devrait générer 4 milliards d’euros, moitié moins qu’en 2025.
Suppression de postes de fonctionnaires
Le projet de budget proposé par le gouvernement de Sébastien Lecornu prévoit 3 119 postes de fonctionnaires en moins en 2026, avec un effort de «rationalisation» principalement porté par les opérateurs de l’Etat, selon des documents budgétaires consultés par l’AFP. Avec «les réductions de postes prévues au sein des caisses de sécurité sociale, c’est au total 3 000 emplois qui ne seront pas remplacés et participeront à la maîtrise de l’emploi public», peut-on notamment lire. L’effort devrait se traduire par la suppression de 1735 emplois publics parmi les 434 opérateurs et agences de l’Etat.
Baisse de l’impôt de production
Le projet de budget présenté mardi par le gouvernement Lecornu prévoit de baisser la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt de production, et de la supprimer définitivement en 2028, deux ans avant l’échéance précédemment prévue. «Afin de soutenir la dynamique de réindustrialisation française et d’accompagner nos petites et moyennes entreprises et nos entreprises de taille intermédiaire, il est proposé de reprendre, dès 2026, la suppression progressive de la CVAE», indique le document consulté par l’AFP.
Le projet de budget prévoit d’abaisser le taux maximal de la CVAE de 0,28 % à 0,19 % en 2026, avant de ramener la taxe à 0,09 % en 2027. Le gouvernement estime dans le document que la baisse de la CVAE se traduirait par 1,3 milliard d’euros de recettes en moins. Les impôts de production «touchent particulièrement le secteur industriel français», souligne encore le gouvernement en estimant que «le niveau des impôts de production en France reste sensiblement supérieur à celui observé chez nos voisins européens, pesant sur la compétitivité de notre tissu productif».
Entretien
Gel des pensions de retraite et des prestations sociales
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) prévoit un «gel de l’ensemble des retraites de base» en 2026, ainsi qu’un gel des prestations sociales comme des allocations familiales, selon le texte consulté mardi par l’AFP. Le projet de budget planifie également de sous-indexer les pensions de 0,4 point pour les années suivantes, à partir de 2027. Il prévoit enfin le remplacement de l’abattement de 10 % sur les retraites par un abattement forfaitaire de 2000 euros. Ce nouveau mécanisme aura pour effet «d’améliorer la situation des couples de retraités les plus modestes» mais mettra plus à contribution les autres retraités.
Réduction du déficit de la Sécu
Le PLFSS présenté mardi en conseil des ministres prévoit de réduire le déficit de la Sécurité sociale à 17,5 milliards d’euros en 2026, après 23 milliards d’euros en 2025, selon l’avant-projet obtenu par l’AFP. Cette réduction repose sur d’importantes économies : la progression des dépenses d’Assurance maladie serait de seulement 1,6 % pour arriver à 270,4 milliards, soit bien moins que l’augmentation naturelle des dépenses. Le gouvernement prévoit ainsi 7,1 milliards d’économies dans le champ de la santé.