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Le fabricant de chariots de supermarchés Caddie liquidé, 110 emplois supprimés

La crise et ses dégâtsdossier
Deux offres de reprises du fabricant iconique de chariots de supermarché en difficultés financières étaient examinées ce mardi 16 juillet. Mais le tribunal les a repoussées.
(Jean-Michel Turpin/Divergence)
publié le 16 juillet 2024 à 9h53
(mis à jour le 16 juillet 2024 à 16h46)

C’est la fin d’une longue histoire made in France. L’entreprise Caddie, spécialisée dans la fabrication de chariots de supermarché et d’équipements métalliques, a été mise en liquidation judiciaire par le tribunal de Saverne (Bas-Rhin) ce mardi 16 juillet, faute de solution de reprise viable. «On a un délibéré cet après-midi et il n’y aura pas de repreneur. On se dirige vers une liquidation dure», avait déclaré en fin de matinée l’avocat du Comité social et économique de l’entreprise (CSE), Pierre Dulmet, à la sortie de l’audience. Deux offres de reprises déposées fin juin étaient sur la table. L’entreprise employait encore 110 salariés.

Etabli à Dettwiller, dans le Bas-Rhin, Caddie, dont le nom a été déposé en 1959, connu un succès croissant, jusqu’à devenir par antonomase synonyme de chariot de supermarché. Fondée à l’origine en Alsace en 1928, la société de produits en fil de fer a connu son heure de gloire avec l’essor de la société de consommation, avant de rencontrer de grosses difficultés. Placée en liquidation judiciaire avec poursuite d’activité le 25 juin par le tribunal de Saverne (Bas-Rhin), l’entreprise a connu quatre procédures de redressement judiciaire depuis 2012. La dernière en date avait permis d’enclencher le mécanisme d’assurance de garantie de salaires (AGS) pour que les employés puissent être payés.

La première offre de reprise émanait de l’actuel propriétaire, le groupe Cochez, basé à Valenciennes (Nord) et spécialisé dans le transport et les services industriels. Après avoir annoncé qu’il entendait garder une quarantaine de salariés, Cochez prévoyait finalement de n’en garder que 15, avait précisé à l’AFP l’administrateur judiciaire Christophe Gillmé. L’entreprise aurait abandonné ainsi «l’activité industrielle» et se serait focalisée «sur une activité de négoce et le reconditionnement de chariots».

L’autre avait été déposée par la société Skade Management de Stéphane Dedieu, ancien propriétaire de Caddie. Cet actionnaire minoritaire, épaulé par l’Italien Bertoldi et le Chinois Arcnode, avait déjà repris la société alsacienne en 2014, avant de la revendre en 2022 à Cochez, qui avait alors bénéficié d’aides publiques. Son offre aurait repris 42 salariés, «conservant l’activité industrielle et développant une activité de négoce», selon Christophe Gillmé.

De la casse sociale, et un peu d’espoir

Pour les salariés, qui n’ont cessé de voir leurs effectifs fondre depuis une douzaine d’années au fur et à mesure des plans de reprise, l’offre de Stéphane Dedieu tenait la corde, car «socialement plus intéressante» que celle de Cochez, selon la déléguée CFDT de Caddie Khairan Ghanmi. L’offre Dedieu «propose de continuer l’activité industrielle, voire remettre certains produits qu’on n’a plus, comme la «petite série»», qui concerne par exemple les chariots de magasins de bricolage ou d’aéroports, explique la syndicaliste. En dépit de la casse sociale, elle reconnaissait que «l’offre industrielle est présente, contrairement» à celle de Cochez, qui envisageait l’arrêt de la production de chariots.

La proposition de Stéphane Dedieu «est la seule qui préserve l’emploi industriel sur le site», confirmait l’avocat du CSE Pierre Dulmet. «On sait qu’il a un vrai attachement à la marque Caddie» et que, «s’il présente cette offre, ce n’est pas pour vendre la marque demain. C’est un point très important», avait-il souligné. Mais tant Khairan Ghanmi que Pierre Dulmet estimaient l’offre perfectible, notamment le financement, pas totalement assuré. La date de reprise, fixée au 15 septembre, était aussi «trop tardive» pour le CSE, selon Pierre Dulmet.

L’avocat croisait malgré tout les doigts et espèrait que la chambre commerciale ne prononcera pas une liquidation pure et simple qui détruirait l’ensemble des emplois. Si le tribunal valide la proposition de Stéphane Dedieu, «on repartirait avec un petit Caddie» mais «qui permettrait à l’avenir peut-être de réembaucher du monde…». Et si les salariés sont «combatifs» assure Pierre Dulmet, «ils espèrent ne pas être déçus une dernière fois.»

Mise à jour : à 16h46, avec la décision officielle du tribunal.