La retraite par points ou par capitalisation vont-elles faire leur retour par le trou de souris de la suspension de la réforme Borne ? «D’autres régimes» de retraite que celui par répartition sont «possibles», a en tout cas déclaré le ministre du Travail Jean-Pierre Farandou, samedi dans une interview au journal Ouest-France.
«Si on ne veut pas augmenter les cotisations ni baisser le niveau des pensions, le seul moyen de financer la retraite par répartition est de demander aux gens de travailler davantage», reprenant là la position partagée par les différents ministres du Travail et Premiers ministres depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, et en particulier la réforme d’Elisabeth Borne, à laquelle il fait référence.
Explications
Illustrant son propos, l’ancien patron de la SNCF évoque ainsi «le système à points, abandonné en 2020 du fait du Covid, [qui] laissait à chacun le choix du moment de son départ». Une réforme défendue par Edouard Philippe et qui avait eu les faveurs de la CFDT (qui souhaite d’ailleurs son retour), mais qui avait eu besoin d’être adoptée par 49.3 à l’Assemblée, avant que le Sénat ne mette sur pause l’examen du projet, pandémie oblige.
«Un choix de société»
Jean-Pierre Farandou évoque de lui-même l’alternative de la retraite «par capitalisation», comme le suggèrent le patronat, des responsables politiques tels qu’Edouard Philippe ou Gérald Darmanin, et auquel les syndicats réformistes ne sont pas fermés. Le système, populaire dans les pays anglo-saxons, consiste à placer, à titre individuel sur un compte ou collectivement dans un fonds, des sommes destinées à fructifier en Bourse. Il est déjà en place à titre complémentaire dans la fonction publique et plus parcimonieusement pour les cadres supérieurs dans le privé.
Le ministre du Travail, dernière carte du gouvernement pour échapper à la censure, pose aussi l’hypothèse d’un «mélange de plusieurs systèmes». «Tout cela mérite d’être étudié, pensé, discuté, débattu, en prenant le temps. C’est un choix de société», ajoute-t-il.
Après l’annonce par Sébastien Lecornu de la suspension de la réforme des retraites reculant l’âge de départ à 64 ans «jusqu’à l’élection présidentielle» de 2027, la balle est désormais dans le camp des syndicats et du patronat. Le Premier ministre leur a proposé, après l’échec du conclave voulu par François Bayrou, une conférence où devra se poser «la question de l’ensemble de la gestion de notre système de retraite».
Si les participants parviennent à rendre leurs premières conclusions «au printemps prochain», «le gouvernement transposera l’accord dans la loi et le Parlement décidera», a rappelé encore Jean-Pierre Farandou à Ouest-France. «Sinon, il appartiendra aux candidats à l’élection présidentielle de faire leurs propositions.» Et d’en faire un enjeu majeur de la campagne.