Un nouveau signe de la mauvaise santé du secteur de la grande distribution. Selon plusieurs sources syndicales, Carrefour, numéro 1 français, cherche à se séparer de 39 magasins, dont 15 hypermarchés, dans lesquels travaillent près de 4 300 salariés, en les passant en franchise ou en location-gérance dans l’année à venir.
Cette manœuvre permet à Carrefour, coutumier de ce genre d’opérations, de conserver sa part de marché commerciale tout en externalisant certains coûts, notamment les salaires, pris en charge par des commerçants indépendants franchisés. Le distributeur affirme que cela évite de fermer des magasins, mais les syndicats dénoncent un «plan de restructuration déguisé», car, ce faisant, le groupe se désengage. La CGT évoque pour sa part un «carnage».
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La CFDT, qui a assigné en mars dernier le distributeur en justice au sujet de cette politique, a dans la foulée ce vendredi 10 janvier annoncé «assigner dans les jours qui viennent Carrefour en référé», afin d’«empêcher toute nouvelle cession de magasin», «dans l’attente du jugement dans la procédure [sur le] fond». Dans le cadre de cette dernière, «le juge a ordonné une médiation, dont le contenu est confidentiel et qui a pris fin le 26 décembre sur un constat d’échec», a indiqué à l’AFP Sylvain Macé, secrétaire national chargé de la grande distribution à la CFDT. Vendredi midi, Carrefour a réagi du tac au tac dans un communiqué transmis à l’AFP. Dans celui-ci, le groupe dit faire «confiance au juge des référés pour ne pas remettre en cause» sa décision. «La CFDT a une fois de plus quitté le champ du dialogue social pour privilégier celui de la judiciarisation», ajoute-t-il également.
Dans la droite ligne des précédentes années
Ces dernières années, Carrefour a multiplié le passage de magasins en franchise et location-gérance. Le nombre de magasins susceptibles de basculer en 2025 est dans la droite ligne des précédentes années, après 37 magasins dont 16 hypermarchés en 2024, 41 magasins dont 16 hypermarchés en 2023, 43 magasins dont 16 hypermarchés en 2022, 47 magasins dont 10 hypermarchés en 2021.
Parmi les plus gros magasins concernés par cette nouvelle vague, ceux de Berck (Pas-de-Calais), Evreux (Eure), L’Isle-d’Abeau (Isère), Salaise-sur-Sanne (Isère), Etampes (Essonne), Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Montigny-lès-Cormeilles (Val-d’Oise), Orange (Vaucluse), Nice TNL (Alpes-Maritimes), Trans-en-Provence (Var), Perpignan-Roussillon (Pyrénées-Orientales), Saint-Jean-de-Védas (Hérault), Fougères (Ille-et-Vilaine), Bourges (Cher), Dijon Toison d’Or (Côte-d’Or).
Au total depuis l’arrivée d’Alexandre Bompard à la tête du groupe, ce sont «344 magasins (95 hypers et 249 supermarchés) qui ont ainsi été cédés à des repreneurs et plus de 27 000 salariés qui sont sortis des effectifs» de Carrefour, selon les estimations de la CFDT. La direction de Carrefour ne donne plus d’informations sur le nombre de salariés directs du groupe en France.