Pas un participant au cortège qui ne s’exprime sans émotion, oscillant entre colère et abattement. Ce dimanche 17 décembre, à Saint-Etienne, ils étaient 1 650 à défiler de la gare au parvis de la mairie, selon les autorités, et 3 000 à 4 000 selon les syndicats. Dans cette ville de 174 000 habitants, «tout le monde a quelqu’un dans sa famille qui a travaillé à Casino, stagiaire, étudiant ou salarié», dit Jean-Pierre Berger, premier adjoint (Parti radical) au maire. Echarpe tricolore tirée de la poche, il s’apprête à rejoindre le rendez-vous donné par les organisations syndicales. A 10 heures, employés, retraités, élus, militants ou citoyens se massent au pied du siège du fleuron déchu de la grande distribution. Son slogan a été détourné sur des pancartes : «Nourrir un monde de diversité» est devenu «Nourrir un monde de financiers» ou «d’adversité». D’autres proclament que «tout va disparaître» ou dénoncent le «coup de grisou chez Casino», dont les répliques n’ont pas fini d’écorcher la fierté stéphanoise.
A sa terre d’enfance, Bernard Lavilliers a dédié une chanson, qu’il attaque ainsi : «On n’est pas d’un pays mais on est d’une ville.» Alors la défense de ses symboles fait l’unanimité. Mêlant majorité et opposition, une partie du conseil municipal a cheminé