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Chèque énergie : un couac à 100 millions d’euros, Bruno Le Maire promet qu’«il n’y aura pas de perdant»

En raison de la suppression de la taxe d’habitation, l’administration n’est plus en mesure de s’appuyer sur un fichier valide pour verser cette aide destinée à payer les factures d’énergie. Le ministre de l’Economie promet d’avoir corrigé le bug et que «tous ceux qui ont droit au chèque énergie» le recevront.
Le chèque énergie est une aide qui peut varier entre 48 et 277 euros. (Mathieu Thomasset/Hans Lucas. AFP)
publié le 6 février 2024 à 9h32

Y aura-t-il un million de lésés parmi les 5,6 millions de bénéficiaires du chèque énergie ? La campagne de distribution de cette aide d’un montant moyen de 150 euros destinée à aider à payer l’électricité pour 20 % des ménages les plus modestes, qui doit débuter en avril, pose question. Diverses associations familiales et de consommateurs (CLCV, Afoc, Familles rurales, Cnafal, UFC, Unaf) ont fait état, lundi 5 février, de leur crainte d’une éviction d’une partie des bénéficiaires du dispositif «alors qu’ils remplissent les critères pour l’obtenir».

En cause : des «raisons techniques» évoquées le soir même par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, dans l’émission C à vous de France 5. Pour rappel, le chèque énergie est versé une fois au printemps en fonction du dernier revenu fiscal connu et de la composition du ménage dans le logement, déterminée en fonction de la taxe d’habitation. Or, «comme la taxe d’habitation est supprimée [pour les résidences principales, ndlr], on a plus de mal à identifier le logement», a expliqué Bruno Le Maire. L’administration n’est donc plus en mesure de s’appuyer sur un fichier valide pour identifier les bénéficiaires de l’aide. Les nouveaux foyers, d’étudiants par exemple, ou ceux dont le revenu a baissé, risquaient ainsi de ne pas recevoir le chèque.

«Tous ceux qui ont droit au chèque énergie» en 2024 le recevront bien, a rassuré le ministre de l’Economie. «Les associations ont bien fait de réagir, bien fait de signaler le problème, nous l’avons réglé, il n’y aura pas de perdant», a-t-il martelé.

Un guichet de réclamation en ligne sera mis en place

Pour ceux qui n’auraient pas touché l’aide à l’issue de la campagne d’envoi, qui se déroule en avril et en mai, un guichet de réclamation en ligne sera mis en place, a précisé Bercy. «Ceux qui se pensent éligibles mais qui ne l’ont pas reçu à la mi-mai pourront faire une réclamation», d’après le ministère.

Ce couac technique a cependant des répercussions positives inattendues : l’autre million de ménages qui, parce qu’ils ne remplissent plus les critères d’éligibilité, n’auraient pas dû toucher le chèque en 2024, le recevront tout de même dans leur boîte aux lettres. «En tout état de cause, les Français qui ont bénéficié du chèque énergie en 2023 bénéficieront également du chèque énergie en 2024», résume le ministère. Bercy précise bien qu’aucun remboursement ne sera demandé à des bénéficiaires qui seraient sortis des clous. Le surcoût est d’ailleurs déjà estimé, a affirmé le ministère au Parisien : «Vraisemblablement autour de 100 millions d’euros supplémentaires, pour un budget global du chèque énergie de 900 millions d’euros par an.»

Lancé en 2018 pour aider les ménages les plus modestes à payer leurs factures d’énergie, ce coup de pouce de l’Etat, qui peut varier entre 48 et 277 euros, avait bénéficié fin 2021 d’une première rallonge dans le cadre du bouclier tarifaire, puis d’une seconde en fin d’année suivante. Avec la fin progressive du bouclier tarifaire, la facture d’électricité des particuliers et des entreprises a grimpé de près de 10 % le 1er février, tandis que ceux du gaz menacent de grimper encore en juillet prochain.