Le 30 juillet, pour la quinzième année consécutive, l’association de défense des consommateurs Familles rurales a publié son «Observatoire des prix des fruits et légumes frais». Ce dernier se base sur 111 relevés de prix réalisés du 15 au 30 juin, dans 38 départements, dont trois en outre-mer. Le premier constat est le suivant : «Hors cerises, les prix ont globalement baissé de 8% entre juin 2020 et juin 2021.»
Une bonne nouvelle, vite éclipsée par le faible taux de consommation des Français relevé par l’observatoire : «90% des enfants et près de 70% des adultes ne suivent pas les recommandations de l’OMS de consommer au moins 400 grammes de fruits et légumes par jour et par personne.» Pour y remédier, l’association invite «les pouvoirs publics à développer une politique publique plus ambitieuse et incitative». Et propose d’instaurer «un chèque fruits et légumes pour les plus modestes dont le budget ne peut intégrer cette dépense».
Une idée déjà émise par le ministère de la Santé et des Solidarités qui, dans son programme national nutrition santé 2006-2010, avait envisagé de mettre en place «des opérations de bons d’achat de fruits et légumes ciblées si possible sur les populations faibles consommatrices, afin d’encourager la découverte de ces produits». Et également encouragée l’année dernière par l’Association interprofessionnelle des métiers du fruit et du légume (Interfel).
[Observatoire #fruits & #légumes] Bien manger coûte cher. Respecter le #PNNS représente entre 4 & 16% d'un SMIC mensuel pour une famille de 4 personnes. @FamillesRurales réclame avec une politique incitative l'instauration d'un chèque 🍏🍉🍒🍅🥬 pour les + modestes #alimentation pic.twitter.com/CiEbwVICi0
— Familles Rurales (@FamillesRurales) July 30, 2021
Familles rurales aimerait néanmoins cette fois voir la démarche aboutir «dès la rentrée» avec l’adoption d’un décret d’application dans le cadre du projet de loi climat et résilience. «On avait réussi à obtenir des parlementaires la mise en place d’un chèque alimentation, mais on souhaite aller un cran plus loin», explique l’association. Le problème étant qu’actuellement, selon l’association, «seuls 32 % des adultes et 10 % des enfants consomment au moins 5 fruits et légumes par jour».
Une faible consommation liée essentiellement au budget élevé que l’achat de fruits et légumes peut représenter pour les familles. «En juin, pour manger l’ensemble des 18 fruits et légumes frais contenus dans notre panier en respectant le Plan national nutrition santé (PNNS), une famille de deux adultes et deux enfants a dû dépenser entre 99 euros et 195 euros (soit entre 8% et 16% d’un smic net mensuel)», indique le rapport. Néanmoins, l’association propose d’autres options, assurant qu’en retenant les cinq fruits et légumes les moins chers du panier, une famille ne dépensera «plus que» 52 euros à 86 euros, soit entre 4% et 7% d’un smic net mensuel.
Une alimentation saine pour tous
«On demande au gouvernement de prendre ses responsabilités, dans l’intérêt des familles précaires, car au-delà d’avoir des injonctions qui ne cessent d’être répétées – comme celle qui indique de manger cinq fruits et légumes par jour – il faut arrêter de culpabiliser ces familles, il faut les aider», explique Familles rurales. «Il ne faut pas que l’alimentation saine soit réservée à une certaine couche de la population qui en a les moyens», pointe le président de l’association, Dominique Marmier.
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En outre, un chèque pourrait constituer selon lui un outil pour sensibiliser les familles sur le fait d’acheter des produits frais, bruts, de saison, tout en étant un moyen de prévention pour des maladies comme l’obésité. Et ce sans pour autant axer sur la baisse des prix sachant que pour le président de l’association, «on ne peut pas demander aux agriculteurs de produire moins cher parce qu’il y a déjà une crise agricole avec des revenus qui ne sont pas à la hauteur».
L’association doit encore établir plusieurs paramètres pour proposer une mesure concrète, ainsi le montant des chèques n’a pas été fixé. Quant aux bénéficiaires, ils pourraient devoir remplir les mêmes critères que les bénéficiaires du chèque énergie, qui constituent près de 5,5 millions de ménages en France. «Tout reste à définir, mais la FNSEA, le principal syndicat des agriculteurs, et le régime de protection sociale des agriculteurs, la MSA, réfléchissent également sur la nécessité de mettre en place un tel dispositif. Il faut donc que l’idée fasse son chemin», concède le président de l’association.