Dans une France soumise depuis novembre 2020 à diverses mesures sanitaires (confinements plus ou moins stricts, couvre-feu, commerces rouverts, puis refermés…), le nombre d’inscrits à Pôle Emploi s’est révélé globalement stable au premier trimestre de cette année, selon les données publiées ce mardi par la Dares, la Direction des études et statistiques du ministère du Travail. Sur l’ensemble du territoire (hors Mayotte), entre janvier et mars, le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi en catégorie A, B et C (c’est-à-dire sans activité ou avec une activité réduite) a ainsi augmenté de 0,1%, pour s’établir à 6 millions. Parallèlement, le nombre de personnes sans aucune activité (catégorie A) a baissé de 0,4%, atteignant 3,8 millions.
On peut voir cette stagnation de deux manières. La première, plutôt optimiste, consiste à dire que les dernières restrictions n’ont pas aggravé la situation sur le front de l’emploi. «Ça montre qu’il y a beaucoup de secteurs qui continuent à fonctionner», a ainsi jugé la ministre du Travail, Elisabeth Borne, sur BFM TV ce mardi matin. La seconde conduit à relever que le choc observé en 2020, année durant laquelle le nombre d’inscrits en catégorie A a bondi de 7,5%, est encore loin d’être effacé. Et que le «retour à meilleure fortune» sur lequel mise le gouvernement pour mettre en œuvre une partie de sa réforme de l’assurance chômage est encore à l’état d’esquisse. Censée entrée en application au 1er juillet, cette réforme – à laquelle s’opposent l’ensemble des syndicats en raison de sa dureté à l’encontre des travailleurs précaires – prévoit en effet une application ultérieure de deux de ses dispositifs, lorsque la situation de l’emploi se sera améliorée : la durée de travail nécessaire pour ouvrir des droits, et la dégressivité des allocations pour les hauts salaires. A terme, la première doit passer de quatre à six mois, tandis que la seconde doit s’enclencher au bout de six mois contre huit.
Les conditions fixées par le ministère du Travail, qui seront observées à compter d’octobre 2021, sont les suivantes : d’abord, que le nombre d’inscrits à Pôle Emploi sans activité (catégorie A) baisse d’au moins 130 000 sur six mois ; ensuite, que 2,7 millions de déclarations préalables à l’embauche de plus d’un mois (hors intérim) soient enregistrées sur quatre mois. Depuis 2006, ces deux circonstances ont été réunies «en février-mars 2019, puis entre septembre 2019 et février 2020 et enfin, au mois d’octobre 2020», relevait l’Unédic dans sa dernière étude d’impact sur la future réforme de l’assurance chômage. L’organisme paritaire qui gère le régime de l’assurance chômage soulignait aussi que «prévoir à quel moment les deux conditions seront réunies est hasardeux. Cela dépendra des mesures sanitaires et du rythme de la reprise».