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Compte personnel de formation : le démarchage téléphonique bientôt interdit

De nombreux organismes usent du démarchage téléphonique pour inviter les salariés à utiliser leur CPF, de manière très insistante et parfois frauduleuse. C’est pourquoi le ministère du Travail a indiqué, ce lundi, interdire «prochainement» cette pratique.
Le démarchage téléphonique autour du CPF sera bientôt interdit. (Cha Gonzalez/Libération)
publié le 15 novembre 2021 à 14h39

Sur la messagerie de votre téléphone ou dans votre boîte de réception de mails s’amoncellent peut-être les messages relatifs au compte personnel de formation (CPF). Chaque fois, ils vous enjoignent à utiliser généreusement vos heures de droit individuel (DIF). Des sollicitations intempestives et, parfois, frauduleuses. Ce sera bientôt terminé. La ministre du Travail, Elisabeth Borne, annonce ce lundi matin au Parisien l’interdiction prochaine du démarchage téléphonique.

En juin dernier, déjà, la ministre avait promis une loi interdisant ces méthodes. Elle a donc remis au goût du jour sa proposition, affirmant qu’un amendement sera prochainement déposé au prochain projet de loi de finances. «Il s’agit de s’inspirer de la loi mise en place après les abus constatés dans le cadre de la rénovation énergétique, qui interdit tout démarchage téléphonique», a-t-elle déclaré.

Démarchage agressif et suspicions d’escroquerie

Pour rappel, le CPF, mis en place en 2019, permet à toute personne active d’acquérir, tout au long de sa carrière, des droits à la formation. Sur un compte en ligne, les heures d’apprentissage accumulées sont transformées en euros, qui permettent à chacun de financer des formations en lien avec son activité ou pour une reconversion professionnelle. Il suffit alors de quelques clics pour choisir une formation, sans même avoir à demander l’accord de son employeur. Il y a aujourd’hui, en moyenne, 1 400 euros par compte. En tout, les 38 millions de comptes CPF existants représentent une cagnotte de près de 53 milliards d’euros.

Une manne potentielle qui a aiguisé les appétits de nombreux centres de formations, qui ont passé des contrats avec des centres d’appels à l’étranger. Selon les informations du Parisien, la plupart des appels proviennent de centres basés en Israël ou en Afrique subsaharienne. Problème, les appels et messages sont répétitifs, incessants, si ce n’est gênants. L’image du CPF en pâtit.

D’autant que, pour former le plus grand nombre de personnes, certains de ces centres n’hésiteraient pas à récupérer les données trouvées ou achetées sur le dark web et revendent leurs services aux différents organismes de formation. Le Parisien rapporte que certains escrocs montent des fausses formations dans des bâtisses inexistantes, afin de toucher l’argent issu du CPF. Au total, trente-neuf plaintes contre des centres de formation ont pour l’heure déjà été déposées en deux ans et sont en cours d’instruction. «Il y a 25 000 organismes référencés. Il suffit d’un petit nombre de malfrats. En réalité, les escroqueries, c’est une goutte d’eau», tempère auprès du quotidien Michel Yahiel, ex-conseiller social de François Hollande et «père» du CPF.