Un jeudi matin de février, à la Bourse du travail départementale de Bobigny (Seine-Saint-Denis), bloc majestueux dessiné par Oscar Niemeyer. Dans une salle, une dizaine de salariées entourent Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, venue les rencontrer en vue du «conclave» sur les retraites qu’a annoncé François Bayrou pour permettre aux acteurs sociaux de retravailler la réforme de 2023 repoussant l’âge légal à 64 ans. Des auxiliaires de puériculture, des aides-soignantes, qui décrivent un travail dur, physiquement autant que mentalement, un quotidien toujours plus soumis à l’arbitraire financier, une «déshumanisation» de métiers qu’elles adorent pourtant, des rythmes intenables qui génèrent de la maltraitance. Et qui, quand Marylise Léon leur demande innocemment, «et la retraite, vous la voyez comment ?», partent collectivement dans un éclat de rire nerveux. «Je ne la vois pas», résume l’une d’elles.
Deux mois plus tard, la concertation a démarré, subi le «non» du Premier ministre à un retour aux 62 ans, et essuyé les départs de FO,