Ils vont mettre leur menace à exécution. Les 77 agents d’entretien de Sciences-Po Paris, qui dénoncent leurs conditions de travail depuis plusieurs semaines, seront en grève à partir du jeudi 6 mars, à 6 heures du matin. Après une rencontre infructueuse lundi avec leur actuel employeur, la société Atalian, les représentants du personnel CFDT dénoncent dans un communiqué «le mépris de Sciences-Po envers les agents de nettoyage» et ont décidé de passer à l’action.
Conflit social
Alors qu’ils visaient la date du 3 mars pour commencer leur mouvement, le personnel avait obtenu une rencontre le même jour avec la société Atalian, prestataire sous contrat avec Sciences-Po Paris pour l’entretien des douze bâtiments de l’établissement situé à Saint-Germain-des-Prés. Les élus CFDT mettaient en avant leur intention «de donner une chance à cette démarche de dialogue» et de «reporter la grève» pour «privilégier la voie de la négociation pour aboutir à des solutions concrètes et satisfaisantes».
Sciences-Po «très attentive à la situation»
Mais cette avancée, la première depuis que le conflit social a été amorcé en décembre, n’a rien donné de concret. Comme l’avait précédemment écrit Libération, le géant du ménage Atalian (2 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2023) a dénoncé prématurément le contrat qui le lie à Sciences-Po Paris et ne sera plus, dès le 1er avril, sous contrat avec la grande école. Comment, dans ces conditions, pouvait-il être en capacité de négocier quoi que ce soit de pérenne ? D’après le communiqué de la CFDT diffusé lundi, la direction de Sciences-Po «cherche désormais à attribuer son marché de nettoyage à une entreprise encore moins-disante, Onet, […] sans considération pour les conséquences humaines et sociales». Selon Layla Mabrouk, élue du personnel, des visites des locaux sont même prévues dans les prochains jours avec cette nouvelle société, qui aura l’obligation en cas de signature de contrat – comme le prévoit la convention collective de la propreté – de reprendre l’ensemble des salariés dont l’ancienneté dépasse les six mois.
Lundi, une représentante du service communication de Sciences-Po se disait «très attentive à la situation» et consciente que «les métiers du ménage sont des métiers très difficiles». Elle affirmait que lors de la dernière renégociation du contrat passé avec Atalian, la somme versée à l’entreprise pour chaque heure de ménage avait augmenté de 22,9 %. Et chargeait donc la société – «où sont passées ces rémunérations ?» – estimant que Sciences-Po n’a pas le pouvoir de «se substituer à l’employeur» pour répondre aux revendications des salariés.
Contacté par Libération, lundi, Atalian n’avait pas souhaité faire de commentaire.
Article mis à jour à 16 h 48 : une précédente version évoquait un CSE extraordinaire alors qu’il s’agissait d’une réunion informelle.
Et le 5 mars à 17 h 25 : avec le début de la grève, annoncé pour jeudi matin.