De quoi doucher l’enthousiasme matinal du gouvernement. Après Esso-ExxonMobil un peu plus tôt ce matin, la grève est également reconduite chez TotalEnergies, indique la CGT. «Ce matin, les salariés ont revoté à une large majorité pour la poursuite de la grève, on est toujours en attente de précisions en matière de négociations par la direction», affirme Eric Sellini, coordinateur CGT pour le groupe.
La CGT et FO ont décidé de reconduire ce mardi matin la grève qui touche les deux raffineries françaises du groupe Esso-ExxonMobil, malgré la signature la veille d’un accord majoritaire sur les salaires par d’autres syndicats, qu’elles ont pour leur part rejeté, explique la CGT. «Le mouvement a été reconduit ce matin à 6 heures, parce que ça ne correspond pas aux revendications des salariés grévistes qui demandent du pouvoir d’achat», affirme Christophe Aubert, délégué syndical central CGT, selon qui l’amélioration de la proposition formulée par la direction consiste essentiellement en une prime.
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Si la CFDT et la CFE-CGC sont majoritaires au sein du groupe Esso-ExxonMobil, les centrales FO et CGT, à l’origine du mouvement de grève, représentent plus de 50 % des personnels de la raffinerie de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), alors qu’à celle de Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime), la situation est «très équilibrée entre les quatre organisations syndicales», CFDT CFE-CGC représentant d’un côté un peu plus de 50 % et le reste étant partagé entre CGT et FO, selon le délégué Christophe Aubert.
«Il y a bien un accord valide par la signature de deux organisations syndicales (CFDT et CFE-CGC)», mais «ça ne change rien sur la position des salariés grévistes puisqu’on est toujours sur la même proposition que celle du 20 septembre, à l’exception de l’octroi d’une prime de 750 euros supplémentaire, appelée prime de mobilité durable», a-t-il détaillé. De son côté, la direction indique, dans un communiqué, avoir octroyé une «enveloppe salariale de 6,5 % en 2023 accompagnée d’une prime de partage de la valeur de 3 000 euros», et, «pour faire face à l’augmentation du prix des carburants», une «aide ponctuelle à la mobilité et aux transports pour 2023».
Ces 6,5 % comprennent, selon la CGT, des primes d’ancienneté et de promotion. Le syndicat réclame 7,5 % d’augmentation sur le salaire de base hors promotion et hors ancienneté, alors que «ceux qui n’auront pas de promotion, pas d’ancienneté, n’auront réellement que 5,5 % d’augmentation sur leurs salaires».
«Réquisitionner»
Quelques minutes auparavant, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran avait affiché sa confiance, assurant qu’il «n’y a plus aucune raison qu’il y ait le moindre blocage» dans les stations d’ExxonMobil, après l’accord entre la direction et les syndicats lundi.
Si la situation ne s’améliorait pas «très vite», le gouvernement pourrait «débloquer, rouvrir l’accès aux centres de dépôt et aux raffineries, et ensuite réquisitionner le personnel adéquat pour pouvoir permettre à la situation de se normaliser», a ensuite menacé Véran.
Lors de la réunion d’urgence lundi soir à Matignon, les ministres réunis autour d’Elisabeth Borne espéraient que l’accord trouvé chez ExxonMobil débloque la situation dans les stations-service et fasse tache d’huile auprès des grévistes de la CGT.
Mise à jour : à 10 h 09, avec l’ajout de la grève reconduite chez Total.