«Toutes les 57 secondes, on fait un véhicule» : Abderrahim, 50 ans, est chef d’équipe chez Toyota, syndiqué à FO, croisé à la manifestation de Valenciennes (Nord), ce mardi matin. Il ne voit pas comment les salariés de l’usine automobile d’Onnaing pourraient tenir au travail jusqu’à 64 ans. «Malgré tous les efforts que fait Toyota pour ajouter des assistances où il y a du lourd porté de façon répétitive, cela reste du travail à la chaîne.» Il décrit sa charge physique et mentale, la constante adaptation qu’exigent les crises successives : «On fait face à des fermetures régulières, avec le manque de semi-conducteurs. C’est du retard qu’on doit ensuite rattraper.» A côté de lui, Djamel, 47 ans, suggère : «On n’a pas mal de députés qui ont la soixantaine. Qu’ils viennent donc monter 400 voitures en une seule journée. Ils nous le montrent qu’une seule fois, et on range les drapeaux.»
Le direct
Loïc Szalkowski, électricien et syndiqué CFDT, bosse à Alstom Crespin, ex-Bombardier. Il câble des trains, bientôt le prochain métro parisien, prévu pour les JO de 2024. «Je travaille les bras en l’air sept heures et quart par jour, avec une demi-heure de pause. 64 ans, c’est juste impossible», estime-t-il. «L’exosquelette nous aide à avoir les bras moins lourds, et un petit vérin soutient la nuque, ce qui soulage les vertèbres, mais il est conçu pour toujours la même tâche. Si je dois me mettre à genoux, je dois l’enlever. On ne le porte pas toute la journée.»